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Poutine, shirasu : la saison des alevins

Depuis deux semaines, les étals des poissonniers niçois proposent une spécialité locale que les clients s’arrachent : la poutine, de minuscules poissons vendus entre 3 et 6 euros les 100 grammes durant une très courte période. Pendant ce temps, à l’autre bout du monde, le même phénomène se produit ; au Japon, c’est la saison du shirasu, des petits poissons qui ressemblent à s’y méprendre à la poutine. Regardons de près ces deux traditions étrangement similaires.
La poutine niçoise, entendons-nous bien, n’a aucun rapport avec la richissime recette canadienne du même nom, mêlant frites, fromage et sauce brune. Rien à voir non plus avec le président russe qui fait peur. Non, la poutine, ce sont des alevins, des larves de poissons. Traditionnellement, il s’agit de bébés gobies transparents, en latin Aphia minuta. Du moins, ce sont ces alevins qui étaient pêchés en guise de poutine quand le naturaliste niçois Antoine Risso a décrit l’espèce, en 1810.

Aphia minuta ou gobie transparent adulte
Comme l’expliquait Risso d’ailleurs, on peut dire poutine ou nonat, qui veut dire « non né », terme employé par les Niçois pour décrire la sardine avant qu’elle ne devienne sardine. Car ces deux appellations concernent plusieurs sortes de poissons au stade larvaire : les alevins de gobies certes, mais aussi ceux d’anchois ou de sardine.
Poutine = caca d’oeil
On peut toutefois très facilement distinguer les gobies des deux autres espèces. Car voyez-vous, on dit gobie transparent, mais en vrai, il n’est pas vraiment transparent une fois sorti de l’eau. Il est plutôt blanchâtre. La sardine et l’anchois ont quant à eux une nette tendance argentée.
Là-dessus, nous allons faire une petite parenthèse sémantique qui vaut le détour. Le mot « poutine », poutina en niçois, a la même racine que « poutargue », on est dans ce registre-là. Nous utilisons aussi le terme « poutine » pour dire « caca d’oeil » (ou « chassie » en bon français) par extension. Ce n’est pas très élégant certes, mais si on regarde bien les petits poissons gluants, d’un blanc translucide, la ressemblance est frappante. D’où mon hilarité lorsque j’ai appris l’élection de Vladimir Poutine. Le Président Caca d’Oeil, tout de suite, ça fait tarte. Voilà, on peut refermer la parenthèse.

Aphia minuta de différents âges
Les petits anchois et sardines sont bien plus jolis avec leurs reflets d’argent. Ils sont pêchés de la même manière, sont vendus au même prix et sous le même nom. Tout va dépendre du pêcheur, du lieu et du moment ; il pourra tomber sur un banc de gobies ou d’autre chose, ce ne sera pas tout à fait pareil et pourtant le poissonnier ou le pêcheur les vendra sans faire de distinction entre tous ces produits.
Une pêche extrêmement réglementée
De l’autre côté de la frontière italienne, c’est exactement la même histoire : on apprécie aussi ces espèces et leurs alevins, tous considérés comme équivalents, qu’on appelle gianchetti ou bianchetti. Leur nom commercial, c’est rosetti.

Rosetti au marché de Vintimille © Camille Oger
La saison de la pêche a commencé le 5 mars cette année. Elle a été autorisée en France comme en Italie par la Commission de pêche du Parlement européen. L’an dernier, seuls les pêcheurs français y avaient eu droit. Malgré la restriction italienne, l’année 2012 a été pourrie en France, il n’y avait presque pas d’alevins.

Aphia minuta en mer
Cette année, c’est un peu mieux. Dans un mois, la saison de la poutine sera déjà terminée. Il se peut même que sa clôture soit anticipée : dès que les poissons commencent à avoir des écailles, on arrête la pêche dans toute la région.
Tout va très vite, et les quantités sont minimes. Pas étonnant donc que la poutine soit vendue aux 100 grammes et non au kilo, entre 3 et 6 euros. Les locaux raffolent de ce « caviar niçois » que l’on mange en soupe au lait, en beignets, en omelette ou simplement crue, éventuellement arrosée d’un trait de citron et d’huile d’olive.
Vous me direz sans doute que ce n’est pas très écolo de pêcher des alevins, et oui, vous avez raison. Heureusement, cette activité est surveillée de très près et encadrée depuis des siècles. En effet, au XVIIe siècle déjà, les habitants du littoral niçois se régalaient de poutine et les pêcheurs avaient tendance à y aller un peu trop fort. De nouveaux filets perfectionnés leur permettaient de prendre bien plus de petits poissons qu’auparavant, menaçant sérieusement les espèces dont les alevins étaient prélevés.
Gentils pêcheurs et vilains pêcheurs
Pour limiter les dégâts, les consuls ont interdit les filets de plus de 18 à 20 trous à l’empan au début du XVIIIe siècle, histoire de laisser filer quelques alevins à travers les mailles. Aujourd’hui, la pêche est encore pratiquée de la même manière : on utilise une senne, et on pêche depuis la plage, remontant le filet à la force des bras, dans seulement quatre ports en France : Menton, Nice, le Cros de Cagnes et Antibes. Bref, l’activité est assez clean. On ne risque pas d’en prendre des tonnes ainsi, ce qui justifie les prix élevés, mais du point de vue éthique, c’est plutôt bien. J’ai documenté cette activité en détail ici, assistant par chance à la plus belle pêche du pays depuis des années.

Rossetti italiens © Camille Oger
Dans la mer Adriatique en revanche, on utilise des bateaux et on relève les filets mécaniquement. Ca, c’est très mal. Et ces vilains pêcheurs vendent leur poutine en France, normal, c’est chez nous que l’on trouve les prix de vente les plus élevés. Qu’on se le dise, leur poutine est super nulle : l’activité en elle-même n’est pas à cautionner et le poisson arrive après des heures de transport. Beurk.
Car la poutine doit se manger extra-fraîche. Si certains la cuisent, les amateurs purs et durs la mangent crue, en tartines par exemple. Ca ne vous rappelle rien ? Des alevins du genre, il y en a d’autres : la civelle (bébé anguille sur la côte Ouest) par exemple, ou la bichique (bébé cabot à la Réunion). Mais des mini-poissons à déguster crus, vous en trouverez surtout au Japon.
Les Japonais, rois des alevins
Il y a exactement un an, j’étais justement à Shizuoka, à l’Ouest de Tokyo, et j’ai pu observer le même phénomène qu’à Nice. Quand je dis le même, je veux dire le même exactement, de manière troublante. Car des alevins, on en mange plusieurs sortes dans l’archipel nippon, et certains n’ont pas grand chose à voir avec la poutine. Mais le shirasu, en japonais シラス, c’est bel et bien le nonat des Japonais, et ce à tous les niveaux.
Comme la poutine, le shirasu est un alevin. Il s’agit principalement de bébés anchois, mais le nom désigne également par extension d’autres espèces similaires, comme la sardine. Comme la poutine, il n’est pas pêché n’importe où : il vient principalement de la baie de Suruga, où vit aussi la crevette cerise dont j’avais parlé ici, le principal port de pêche étant Mochimune / 用宗.

Sashimi de shirasu © Camille Oger
Comme la poutine, le shirasu est pêché à la senne, mais l’activité n’est pas aussi charmante et anecdotique qu’en France. Si la plupart des Français ne connaissent pas la poutine ou s’en foutent éperdument, au Japon, le shirasu est un best-seller, et pas seulement à l’échelle locale. Du coup, il faut produire : les pêcheurs utilisent des grandes sennes qu’ils remontent mécaniquement depuis leur bateau, histoire d’assurer des quantités conséquentes.
Le shirasu cru, merveille argentée et glissante
La saison de la pêche est réglementée (les dates coïncident parfaitement avec celles de la pêche à la poutine, puisqu’on est dans le même hémisphère), ils ne sont pas fous les Japonais, mais on a là une activité plus extensive que sur le littoral azuréen.
Comme la poutine, le shirasu est en partie vendu immédiatement, au port. Le reste partira sans tarder vers les étals des poissonniers ou sera cuit ou séché, puis conditionné pour être vendu plus tard, plus loin. Je reviendrai là-dessus un peu plus tard, pour le moment concentrons-nous sur le poisson cru.

Adorable mini-nigiri au shirasu © Camille Oger
Au pays du sashimi, forcément, le shirasu cru est roi. Il est très beau avec ses reflets d’argent, légèrement gluant, ou plutôt glissant (et ça les Japonais aiment bien). On le mange en sashimi, comprenez qu’on mange les mini-poissons tout seuls, comme ça, avec un petit peu de gingembre râpé et éventuellement en les trempant timidement dans la sauce soja.
On peut aussi en faire des nigiri sushi ou des gunkan maki (sur du riz, avec algue ou sans), comme chez Sushi Ko à Shizuoka où j’ai pu apprécier le mini-nigiri en photo ci-dessus, et un superbe gunkan maki à découvrir ici. C’est également très bon en chirasi (bol de riz couvert de shirasu cru), parce que shirasu chirasi, ça sonne très bien.
Chirimenjako, le shirasu cuit puis séché
Quand on habite loin d’un port de pêche et qu’on aime le shirasu comme un fou, pas de panique, on peut en manger quand même. Pour pouvoir être conservés et voyager, les alevins sont légèrement cuits dans de l’eau salée, puis séchés au soleil, pas trop longtemps, on ne veut pas un produit parfaitement déshydraté. Sous cette forme, on appelle ces poissons chrimenjako / ちりめんじゃこ / 縮緬雑魚.

Petite plaque de chirimenjako à sécher © Camille Oger

Shirasu devenu chirimenjako © Camille Oger
C’est ce que j’ai pu voir à Yui, charmant petit port de la préfecture de Shizuoka : on étale délicatement les alevins sur un grillage fin, à l’aide d’un petit râteau pour ne pas les abîmer, puis on laisse le soleil travailler. Ainsi séchés, ils pourront être conditionnés puis vendus. Comme ils ont été cuits à l’eau, ils sont opaques et blancs et ont perdu leurs jolis reflets métalliques.

Salade au chirimenjako © Camille Oger
Le chirimenjako est l’un des produits-phare du printemps au Japon. On retrouve partout : dans les salades, dans les onigiri, les omelettes, les beignets… C’est un classique. A Taïwan, j’en ai également mangé énormément, et aux Philippines aussi.

Chirimenjako dans mon onigiri © Camille Oger
D’ailleurs, pour la petite histoire, aux Philippines, la poutine s’appelle dulong, et elle coûte en moyenne trois à quatre fois moins cher qu’en France – ce qui reste cher pour les Philippines. Comme en France, ce sont des bébés gobies, mais pas les mêmes : il s’agit de Gobiopterus lacustris.
Dulong, la poutine philippine qui vous dit bonjour
Comme au Japon et à Nice, on les mangera crus en kinilaw, le sashimi local (voici la recette en vidéo), ou bien frits en beignets, en sorte d’omelette-pancake, la torta etc. Ce que j’aime beaucoup dans les tortas, ce sont tous les petits yeux des poissons qui apparaissent. A la surface, on voit en effet des points noirs posés ici et là par paire, ça fait un peu grains de pavot, mais non, ce sont les petits poissons qui vous regardent. Bonjour, poissons.

Dulong, la poutine philippine © Quentin Gaudillière
Lorsqu’on me demande si c’est bon, je suis toujours un peu embêtée. Chacun ses sales goûts, comme dirait ma grand-mère. Personnellement, je n’en mangerais pas si je trouvais ça dégueulasse. Alors oui, l’apparence est un peu déroutante, ça fait larve, c’est normal, c’est une larve.
Mais n’oubliez pas que cela reste un poisson. Et que l’un dans l’autre, ça en a clairement le goût. Evidemment, ce n’est pas aussi fort qu’une sardine ou un anchois adulte ; c’est doux, très iodé, très glissant et non, on ne sent pas les yeux ni les nageoires sous la dent. C’est également très tendre et légèrement croquant ; en somme, c’est le chaînon manquant entre les oeufs de poisson et les petits poissons que l’on mange entiers en friture. Logique.
Petits poissons déshydratés pour le goûter

Dulong séché © Quentin Gaudillière
Comme tout poisson cru et ultra-frais, les alevins d’anchois, sardines et autres gobies sont fins et délicats. Mais si vous mangez des alevins de poisson séchés, c’est une autre histoire. Et une histoire qui mérite d’être racontée, au moins rapidement.
Tout à l’heure, j’ai parlé des chirimenjako, qui sont cuits puis légèrement séchés. Bon. Mais il existe une autre version des micro-sardines et anchois : la version totalement déshydratée, à manger en apéritif ou en accompagnement, voire en snack à tout moment de la journée – allez, prends ton goûter.
Comme ils n’ont pas été cuits avant d’être séchés, ils ont gardé leur belle couleur et brillent de mille feux. Ils sont tout petits, tout plats, très très salés et craquants.
Généralement, on n’utilise pas exactement du shirasu pour cela, car il est précieux. On réservera ce sort aux sardines et anchois encore bébés, mais plus vraiment larves. En cuisine, on peut se servir de ces mini-poissons séchés pour tout un tas de choses, notamment du dashi, le bouillon qui sert de base aux soupes japonaises.
Vous trouverez une somptueuse recette de tazukuri ici, une spécialité japonaise du Nouvel an : il s’agit de petites sardines séchées puis mijotées dans une sauce sucrée au soja. Au Japon, on en trouve en sachet, déjà prêtes, à manger en snack le plus souvent : au soja et au sésame, ou avec des amandes, une recette très populaire également à Taïwan.

Petits poissons séchés et amandes en snack © Camille Oger
Et aux Philippines, c’est la fête, vous en avez des pleins paniers dans tous les marchés, vous pouvez en acheter des sacs et des sacs si vous voulez sauf que euh… Si on mange tous les alevins, on n’aura bientôt plus de poissons. Alors savourez votre poutine, votre shirasu ou votre dulong – et même votre civelle et votre bichique – mais n’en mangez pas trop s’il vous plaît, comme ça vous pourrez en faire goûter à vos petits-enfants.
C’est bien, tu as l’alevin gai…
Délicieux évidemment, mais à force de consommation pédophile, on vide la mer ; j’ai eu un petit haut le corps en voyant dans un même bol du thon rouge et de l’alevin d’anchois, deux espèces massacrées.
Je connais mieux la question de la civelle dont les parents fréquentent les mêmes mers que moi, on frôle actuellement la disparation de l’anguille sur nos côtes, je connais des restaurants à Paris qui ont cessé de la mettre à leur carte car l’approvisionnement est devenu difficile. Pas grave, les espagnols font de super civelles (pibales chez eux), en surimi, où on voit même les yeux… Bonjour, surimi.
Je suis bien d’accord avec toi, tant qu’il s’agit d’une pêche à pieds plus ou moins encadrée, ce n’est pas choquant, c’est presque exclusivement comme cela qu’on pêchait la civelle auparavant également…
Malheureux, ne va pas dire aux Japonais de laisser les thons rouges et les alevins tranquilles, ils sont le plus souvent très susceptibles sur le sujet… J’ai été fort étonnée par ce bol de sashimi moi aussi, d’autant plus que qu’on me l’a servi un peu honteusement, la spécialité du restaurant c’était la crevette, et ils n’en avaient pas sous la main. Un peu comme si tu donnais du caviar sauvage en substitution à un mec qui t’a commandé des oeufs de saumon.
Ton surimi avec des yeux, ça me perturbe beaucoup, tu es sûr qu’ils font partie de l’Union Européenne ces gens ? Plus je regarde leur pêche, leur agriculture et le reste, et plus je me demande comment ils peuvent légalement faire ce qu’ils font sans se faire bouter hors du continent. Bon, j’ai toujours eu du mal avec l’Espagne, mais quand même.
Et toi tu viens de vexer toute la population québécoise…
La susceptibilité ne tue pas (ou bien moins en notre époque édulcorée), alors que la sur-pêche, oui. Ce qui ne m’empêche pas de manger du thon rouge ou des alevins (secs hélas) de temps en temps (d’ailleurs je viens de voir mon lapsus aussi calami que gourmand, j’ai écrit « haut le corps » au lieu de « haut-le coeur », ce qui aurait été inapproprié), le tout étant de diversifier les produits sauvages qu’on consomme. Par ailleurs, si on arrête de pêcher l’anchois par exemple, ça met de la pression sur d’autres espèces et ce n’est pas plus durable.
Ne sois pas trop sévère avec l’Espagne, c’est désormais un pays qui a 20% de sa surface cultivable en bio, ce qui évidemment n’exonère pas d’autres aspects, comme leurs pratiques de pêche ravageuse, c’est un marchandage européen en effet qui permet ça, en particulier avec la France (A gros traits : « Tu ne me gonfles pas avec mes pêcheurs et je te fais pas chier sur tes subventions agricoles »).
J’ai bien entendu goûté aux « gulas » diminutifs de « angulas » pour désigner les pibales-surimi, je peux te confirmer que c’est effectivement des-gulas.
(Bon j’arrête, déjà que j’ai des remarques d’autres food-blogueuses selon lesquelles je ne commente plus *que* Le Manger…)
Toutes mes excuses aux Québécois, vraiment je les comprends, moi aussi je mangerais de la poutine s’il faisait -30 ! Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie, donc forcément on part dans un registre un peu abstrait.
Aujourd’hui, je suis allée chez le poissonnier de Golfe-Juan – que je hais viscéralement – il vendait de la « nouna », du nonat quoi, il en avait une bassine géante, déjà ça m’a énervée. Je me suis approchée, les poissons étaient ultra-brillants, et certains d’entre eux étaient grands, avec des écailles ! Et seulement 28 euros le kilo. Bref, ça ne venait pas de chez nous mais de l’Adriatique, j’étais furieuse, et écoeurée en voyant que c’est un problème sans fin, car cette poutine-là se vend très bien, il y a de la demande…
On parle beaucoup de développement durable mais personne n’est prêt à sacrifier son confort, ses envies, ses compulsions même. J’en ai marre d’être témoin de ça. Des gens qui veulent tout, tout de suite, partout. Le fait que les blogs culinaires se multiplient aujourd’hui permet de donner une perspective intéressante de cette dérive agroalimentaire.
Cette tendance à vouloir avoir accès à tout. Sans bouger. Sans penser à mal. Ce délire « conso » qui rend les gens idiots. S’il doit y avoir un avantage à la mondialisation, c’est la mobilité des personnes. Pas des richesses. Pas des produits. Pas des espèces. On ne peut pas piocher n’importe où et redistribuer n’importe où. Il faudrait savoir garder le goût de l’exceptionnel, en somme.
Et c’est vrai, tu as eu des plaintes ?
Bah, le crescendo habituel de la violence : moues, remarques, plaintes, menaces, verrines, rouleau à pâtisserie… reviens vite, je ne vais plus pouvoir laisser de traces écrites.
Hahahahha ! Bon, tant que tu ne passes pas à l’emporte-pièce ou au chalumeau, tout va bien (quand j’y pense, c’est fou le nombre de crimes qu’on pourrait commettre dans une cuisine). Envoie des messages de fumée s’il y a un problème, je mettrai seulement 8 jours à remonter grâce à la nouvelle technologie révolutionnaire mise au point par la SNCF : le train qui marche pas.
Dans la poutine ce n’est pas de la sauce barbecue mais de la sauce brune 😀 (et puis c’est pas forcement mauvais même si ce n’est pas raffiné)
Oups, pardon ! Je vais corriger. Je comprends la logique de ce plat, même si je me moque un peu – c’est plus le concept qui est dégueu que le goût – l’hiver il faut faire du gras. Quand j’habitais au Groenland, on s’enfilait une plaquette de beurre à deux par jour, c’est un peu pareil, du moins au niveau calorique.
On retrouve des variantes de la poutine de type raffiné dans quelques grand restaurants à Montréal. Je pense au restaurant, Au Pied de Cochon, ou on retrouve une poutine au foie gras pour la petite somme de 23 $. Il y a aussi celle au crabe des neiges ou au homard dans différent établissements. J’avoue que pour les non québécois l’apparence de ce plat est étrange, d’où le nom qui veut dire « mixture étrange ».
À force d’en parler, je crois bien que je vais aller en acheter une la. :p
Héhé, j’imagine très bien le réconfort que ce genre de plat peut apporter en plein coeur de l’hiver, un peu comme la raclette en France chez les montagnards. Comme je suis une méridionale, ça me fait peur, normal, je pense que mon foie aurait du mal, tout simplement parce qu’il n’y est pas habitué. Et avec du foie gras en plus, ça me paraît tout simplement fou.
J’ai des questions très naïves à ce sujet, je suis intriguée parce qu’en hiver au Groenland, quand je me nourrissais de beurre et de tout ce qui me passait sous la main, mon corps avait du mal à lutter contre l’obscurité et la digestion intense, je dormais en permanence. Alors dans un pays développé comme le Canada, on est assommé l’hiver aussi ? Je n’imagine pas le pays fonctionner au ralenti, mais alors comment vit-on le froid, le changement de régime alimentaire, la nuit dans un pays où l’on est censé être aussi productif en hiver qu’en été ?
Pour la poutine au crabe, je me demande si l’on arrive à distinguer le goût subtil du crustacé dans un plat aux saveurs si puissantes… Qu’est-ce que ça donne ?
Les civelles s’appellent aussi pibales dans les Charentes…
Concernant ton « coup de gueule » sur notre société de con-sans-somations, toi tu blogues dans la cuisine, moi dans les sexualités alternatives…
Ben c’est la même chose…
Triste constat, » j’ai le droit à tout »…
Mais ne veux aucun des devoirs inhérents…
Excellent article, sauf que maintenant j’ai envie d’en manger, l’an prochain je me fais un week end niçois à l’ouverture de la pèche 🙂 Sinon je me permets de corriger Maître Cadour : le terme Angulas ne désigne pas le substitut mais bien l’alevin vivant d’origine. Quand j’étais petite, qu’il y avait plus de poissons dans la mer, et que mon papa n’hésitait pas à claquer un demi-salaire dans un déjeuner, il m’emmenait toujours manger des angulas fraîches à l’ouverture de la saison. Nous allions à la Casa Alcalde à la Motte Piquet Grenelle, c’était très chouette à l’époque je ne sais pas ce que ça vaut aujourd’hui. En tous les cas, au dire de ma très superbe, gastronome et ibère amie Beatriz, même en Espagne cela a pour ainsi dire disparu (à part ces terrifiants faux-vrais surimis à yeux) – joder !
Bonjour Camille,
C’est par cet article que j’ai découvert ce blog. Séquence émotion. Vous écrivez comme peu.
Je ne connais pas d’éditeur, hélas. Si c’était le cas, vous seriez cernée par les propositions. 🙂
Mais, comme je suis timide, je n’ai pas laissé de commentaire. Et, comme je suis bavard, je me rattrape. 😉
Encore merci de penser aux « future generations », si chères au Commandant Cousteau.
J’imagine ce que peut être une haine viscérale. Je connais aussi le Golfe Juan de mon enfance… Et je ne cesse d’apprendre en lisant votre blog et c’est bien. Vos articles concurrencent Wikipedia et c’est parfait !
PS : J’aime beaucoup « le président russe qui fait peur ». +1 🙂 Les Anglais écrivent Putin. Ils ont raison.
PS 2 : Grâce à vous, je me mets à aimer le latin. 🙂 Pour le japonais, j’attends un peu.. 😉
PS 3 : Cessez de dire du mal de la « Ce-Noeud-Ce-Feu ». Mes parents y ont passé leur carrière et je respecte les cheminots, qui ne sont pas toujours responsables des torts qu’on leur attribue. Peace and love. 🙂 Mais j’aime beaucoup vos plats japonais ! 🙂
Merci Alexandre, décidément, vous ne tarissez pas d’éloges ! Pour cette histoire de SNCF, je ne hais pas les cheminots. Je hais la SNCF, ce n’est pas pareil. Je hais ses trains, ses gares, ses services, ses horaires, son réseau centralisé, à peu près tout en somme. Mais les cheminots, non. Je ferai un papier sur les trains japonais prochainement, histoire que les Français voient la marge de progression que nous avons !
le phénomène que vous décrivez dans votre article ressemble très nettement a ce qui ce passe chez nous ici en Martinique dans les caraïbes. Ces alvins sont appelés ici des « Titiris »
Bonjour Claude,
Savez-vous de quelle espèce de poisson il s’agit ?
Eh bien, n’aimant guère le poisson d’aspect et d’odeur, de la poutine me reste la poésie.
Je fus niçois mes premières vingt-cinq années.
Mon enfance reste encore hantée, chaque printemps, des voitures à bras qui remontaient les rues du bord de mer, stationnaient au bord des trottoirs, recouvertes d’une bâche où trônait une balance Roberval, et tonitruant de leur tenancière à destination du chaland « la bona poutina ! la bona poutina ! » .
La poutine en question, un génocide d’alevin gluant, se négociait sur un papier huilé, roulé en cornet à l’achat.
J’ai surmonté une fois, par politesse car invité, mon dégoût et fus pas si mal payé en retour.
En omelette avec une sauce tomate, la myriade translucide peuplée d’yeux s’était commuée en une viande blanche, homogène, plutôt fine et diététique. – Mais je n’en garde, jusqu’à ma mort propre, que le souvenir des marâtres niçoises, en appelant à ce triste festin.
J’aime beaucoup votre commentaire. C’est joli et très bien raconté, on s’y croirait.
Bonjour , ce matin place de la libération à Nice, la poutine se vendait 12 € les 100 G.
Super l’article c’est exactement l’explication du jour que je me cherchais.
J’avais une question subsidiaire quant à l’origine de certaines photos appartenant à Quentin Gaudillière.
Serait ce, ce même Quentin qui a déménagé courant 90-91 si je ne me trompe à Angoulême depuis Nantes ?
Merci pour cet article très détaillé sur les alevins .
SebV
Bonjour Sébastien,
Merci à vous ! Quant à Quentin, oui, c’est lui-même !
Super, bien vous pourrez lui offrir le bonjour de ma part.
Il ne se rappellera probablement pas de moi, en tout cas nous avons partagé des récréations ainsi que la classe de Monsieur Houssier qui appris à la plupart des élèves de notre classe a jouer aux échecs ; et c’était d’ailleurs un derniers dinosaures de l’éducation nationale à donner des coups de règle en bois si on ne se tenait pas à carreaux.
Le pauvre homme s’est suicidé avant l’an 2000.
En tout cas je n’ai jamais oublié Quentin qui était un peu foufou comme moi, et son départ m’avait peiné.
Je suis à présent satisfait de constater sa voie, son accomplissement.
Amicalement vôtre et amicalement lui.
Seb