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Manger accroupi, manger assis
Manger accroupi, c’est tout à fait normal dans de nombreux pays d’Asie, de l’Inde aux Philippines en passant par la Chine. On s’y accroupit également pour cuisiner, pour patienter, pour travailler, parfois pour accoucher, pour presque tout en fait, car c’est une position très stable. Elle est pourtant jugée inconfortable pour la plupart des Occidentaux. Pour tous ceux qui se demandent comment font les Asiatiques pour tenir ainsi durant des heures, voici l’explication.
Tout d’abord, une petite précision : quand je parle de gens accroupis, je ne veux pas dire qu’ils tiennent en équilibre sur la pointe des pieds. Non, c’est un accroupissement profond, tout le poids du corps reposant sur les pieds posés à plat sur le sol. Les fesses sont parfaitement reposées sur les mollets.
Comme cette position est commune à de nombreux pays d’Asie, et impossible à tenir pour la plupart des Occidentaux, les anglophones l’ont baptisée Asian squat, l’accroupissement asiatique. Et pourtant, elle n’est pas réservée aux Asiatiques, car elle n’a rien d’héréditaire. Le fait d’être capable de s’accroupir de la sorte n’est pas une question de prédisposition ethnique. C’est un fait culturel qui mérite d’être approfondi.
Pour Marcel Mauss, c’est même une question majeure. Plutôt que de le paraphraser, je vais le citer ; en plus d’écrire merveilleusement, il explique parfaitement l’importance de cette position et son lien primordial avec le repas. Vous pourrez trouver l’intégralité de ce texte, Les techniques du corps, écrit en 1934 et publié initialement dans le Journal de Psychologie en 1936, sur cette page.
Une pratique culturelle, pas une fatalité génétique
« La façon de s’asseoir est fondamentale. Vous pouvez distinguer l’humanité accroupie et l’humanité assise. Et, dans celle-ci, distinguer les gens à bancs et les gens sans bancs et estrades ; les gens à sièges et les gens sans sièges. Le siège de bois porté par des figures accroupies est répandu, chose très remarquable, dans toutes les régions du quinzième degré de latitude nord et de l’Équateur des deux continents. Il y a les gens qui ont des tables et les gens qui n’en ont pas. La table, la « trapeza » grecque, est loin d’être universelle. Normalement, c’est encore un tapis, une natte, dans tout l’Orient. Tout ceci est assez compliqué, car ces repos comportent le repas, la conversation, etc. »
En fait, tous les jeunes enfants du monde (à part quelques exceptions, j’en connais au moins une, un petit bonhomme raide comme un bâton qui s’est raidi davantage en grandissant) adoptent naturellement et instinctivement ce fameux « accroupissement asiatique » pour se baisser et faire leurs petites affaires au ras du sol, comme manger des cailloux, ramasser des bestioles et vice versa.
Européens comme Asiatiques, Africains comme Océaniens et Américains, tout le monde est logé à la même enseigne. Comme je n’ai pas spécialement d’enfants autour de moi, boum, voici une photo de moi bébé qui, en plus d’être explicative, me fait mourir de rire.
Quand on n’a pas de chaise, on s’accroupit
C’est en grandissant que les choses se compliquent. Quand on est tout petit, on est très souple. Plus on grandit, plus on se raidit, et les positions que l’on adopte le plus fréquemment vont peu à peu sculpter notre corps et déterminer ses capacités. Dans les pays où l’on passe sa vie au ras du sol, comme le Japon, où les tables sont basses et les sièges souvent inexistants au sein du foyer, fatalement, l’accroupissement est entretenu. Mais le cas du Japon est assez particulier car toutes les manières de s’asseoir, de s’agenouiller et de s’accroupir y sont codifiées à l’extrême. Quoi qu’il en soit, on peut voir, sur l’estampe de l’époque Edo qui est en tête d’article, un homme mangeant ses soba accroupi.
Dans tous les autres pays qui, pour des raisons culturelles, n’utilisent pas les tables hautes et les chaises qui sont la norme en Occident, on s’accroupit.
On vous dira parfois que les Asiatiques sont faits comme ci ou comme ça, mais en réalité, le fait de pouvoir s’accroupir ou pas n’est pas dû à un modèle corporel intrinsèquement différent. Dans de nombreuses régions d’Afrique et d’Amérique, les hommes n’ont pas la même morphologie que les Chinois, mais ils s’accroupissent tout aussi bien.
Ainsi, j’ai beau ne pas être asiatique, c’est la position que j’adopte instinctivement dès que je suis fatiguée, et c’est également comme ça que je mange, cuisine, travaille etc. Là par exemple, à l’heure où j’écris, je suis accroupie. Je m’accroupis même sur une chaise de bureau, car rester assise est moins reposant pour mon dos.
Tout est dans le tendon
En France, cela suscite l’étonnement : on me demande comment je fais, comme si cela relevait de l’apprentissage. En fait, pas du tout, c’est même exactement l’inverse. Ne pas en être capable, c’est être dépossédé d’une technique que l’on maitrisait quand on était enfant.
Physiologiquement, c’est au niveau des tendons d’Achille que tout se joue. L’usage intensif des chaises hautes et autres fauteuils provoque, à long terme, un raccourcissement et un enraidissement de ces tendons. Pour les femmes qui portent des talons, c’est encore pire. Mais l’usage des chaises ne vous condamne pas pour autant à une raideur irrémédiable. Les personnes qui entretiennent la longueur de leurs tendons d’Achille n’ont aucune difficulté à s’accroupir. C’est le cas des joueurs de cricket, de base-ball, des rugbymen, des haltérophiles, des danseurs, de tous ceux qui pratiquent la capoeira et les arts martiaux en général, le yoga etc.
À l’inverse, n’importe quel Asiatique vivant en Occident depuis toujours et n’ayant pas cultivé la souplesse de ses tendons aura des difficultés à s’accroupir. Ainsi, l’une de mes amies, 100% vietnamienne mais ayant grandi à Paris, dans un appartement tout ce qu’il y a de plus parisien, en est absolument incapable. Dans les régions de Chine les plus occidentalisées, comme Hong Kong, qui est un peu la Chine sans la Chine, l’accroupissement se perd également, du moins dans les lieux publics, peu à peu remplacé par la position assise, car le tabouret et la chaise gagnent du terrain.
Une position devenue honteuse
En fait, sous l’influence de la culture occidentale, de nombreux pays finissent par voir l’accroupissement comme une position honteuse et commencent à l’abandonner dans la sphère publique. C’est tout à fait criant aux Philippines par exemple, où le fait de s’accroupir est associé aux populations les plus pauvres et rurales. C’est même une manière de distinguer les êtres « civilisés », qui mangent à table, des « sauvages », comme les Tagbanua en photo ci-dessous, qui mangent accroupis.
Cette triste idée vient de chez nous : en Europe, la position respectable, c’est de se tenir droit comme un i sur une chaise, par opposition à cette posture recroquevillée au ras du sol. Manger par-terre, à moins qu’il s’agisse d’un pique-nique champêtre, c’est impensable.
Pourtant, la généralisation des chaises hautes est assez récente : jusqu’au XIXe siècle, les Européens passaient beaucoup de temps accroupis, ne disposant que de peu de sièges. Seuls les nobles ne le faisaient jamais, marquant là aussi une distinction sociale grâce à une attitude corporelle. Les générations qui nous ont précédés en Europe savaient donc parfaitement s’accroupir ; nous avons tout à fait la possibilité d’y revenir si nous lâchons un peu nos chaises chéries et si nous pratiquons des étirements réguliers.
S’accroupir pour toutes les étapes du manger
Bien, maintenant que l’on sait comment on fait pour s’accroupir, il est temps de se demander en quoi cette posture a un intérêt. Certes, elle est confortable, reposante et très pratique quand on ne dispose pas de siège, mais ce n’est pas tout. Elle est aussi tout à fait recommandée pour toutes les étapes du manger.
Loin de la position que l’on adopte sur une chaise, qui contraint le corps de manière totalement artificielle, l’accroupissement n’est pas inné pour rien. Pour commencer, traditionnellement, on cuisine au ras du sol, en faisant du feu. En s’accroupissant, on est à niveau et assez mobile (car on peut se déplacer dans cette position, un peu comme un crabe). De plus, quand on n’a pas besoin d’utiliser ses bras, par exemple lorsqu’on laisse cuire une préparation, on peut les reposer sur ses genoux. Et reposer ensuite son menton sur ses bras. Bref, cette position très versatile est idéale. Mais dans les milieux urbains, la cuisine au sol tend à se perdre. L’accroupissement perdure tout de même, nous allons voir pourquoi.
Dans les villes asiatiques, on mange souvent dehors. Or, quand on mange dehors, on achète généralement sa pitance sur un stand ou dans une échoppe, et ces types de commerces disposent rarement de sièges, à part dans les villes et pays les plus occidentalisés. Par conséquent, on a deux solutions : soit on mange debout, en position dynamique, soit on mange accroupi, en position de repos. Debout, on a tendance à manger vite ; accroupi au contraire, on prend son temps plus facilement, tout en restant dans un axe qui ne contraint pas le transit des aliments.
Les habitudes ont la peau dure
Mais on ne mange pas systématiquement dehors. Et quand on mange à la maison, on tient particulièrement à prendre son temps. Dans les maisons traditionnelles asiatiques (entre autres), il n’y a pas vraiment de sièges hauts. On mangera donc accroupi, position de repos, éventuellement assis en tailleur ou agenouillé. Ce qui est intéressant, c’est que les appartements et maisons d’Asie changent souvent plus vite que les habitudes de leurs propriétaires. Ainsi, certains éléments de mobilier récents sont presque là pour faire joli.
Un exemple : quand j’habitais en colocation à Taipei avec un couple taïwanais, nous n’avions ni chaises, ni table haute. Quant au canapé, il était toujours vide, nous mangions à côté de lui, accroupis par-terre. En effet, nous disposions d’une table très basse, et la nourriture n’était absolument pas à notre portée si nous utilisions un siège. Et comme les dimensions de la table Ikea n’étaient pas adaptées aux grands repas taïwanais, pleins de plats et de bols, la moitié du repas était posée au sol.
Pour revenir aux avantages de l’accroupissement, tout au long de la digestion, cette position a du bon, et quand vient le moment d’évacuer ce qu’on a mangé, elle détend le muscle pubo-rectal, le rectum s’aligne parfaitement, et on évite ainsi toute stagnation fécale, cause majeure du cancer du colon. D’ailleurs, la plupart des Asiatiques s’accroupissent aux toilettes. Aux Philippines, même lorsqu’il y a un siège de toilette, tout le monde grimpe dessus pour s’y accroupir. Là encore, l’environnement matériel de la population a changé plus vite que ses habitudes.
D’ailleurs, pour les Français qui croient que tous les Japonais disposent de toilettes high-tech, sachez que ce n’est pas aussi généralisé qu’on pourrait l’imaginer. Les versions avec siège haute technologie seront qualifiées de Western style, c’est-à-dire style occidental. La véritable norme japonaise, ce sont les toilettes à la Turque. Soit dit en passant, ça m’amuse beaucoup, les Turcs appellent ce genre de sanitaires « toilettes à la Française ». Car chez nous aussi, le siège de toilette démocratique est finalement assez récent.
Pour finir sur une note plus poétique, je laisse à Marcel Mauss le joli mot de la fin : « Nous ne savons plus nous accroupir. Je considère que c’est une absurdité et une infériorité de nos races, civilisations, sociétés. (…) La position accroupie est, à mon avis, une position intéressante que l’on peut conserver à un enfant. La plus grosse erreur est de la lui enlever. Toute l’humanité, excepté nos sociétés, l’a conservée. »
Passionnant 🙂
Merci Anne, j’adore ce genre de questions, on rentre vraiment dans l’ethnologie pure et dure 🙂
On s’est justement posé la question en allant au Vietnam l’été dernier. Et nous en étions arrivés à la conclusion que tout n’était qu’une question d’habitude depuis toujours et donc de souplesse. Ça confirme donc notre réflexion là-dessus. Article très intéressant ! 🙂
Très intéressant ! Moi aussi j’aime bien me retrouver dans cette position qui me rappelle l’enfance. Mais c’est vrai que notre société nous en empêche.
Personnellement j’adore la position accroupie, si confortable et reposante. Mais il est vrai qu’elle est assez mal vue dans les pays occidentaux, peut être justement parce qu’elle est considérée comme une posture » primitive » et non » civilisée » ( tout comme le fait de manger avec ses doigts par exemple).
Juste une nuance, si je peux me permettre : le tendon d’achille ne s’atrophie pas, il se raccourcit et s’enraidit. Il peut retrouver sa souplesse par des étirements et une utilisation plus courante de la posture accroupie.
Merci pour cet article très intéressant et magnifiquement illustré !
Merci pour la précision, j’ai utilisé le terme « atrophié » en pensant justement à « raccourci », je vais corriger ça !
Merci pour ce détail, il y a donc un espoir de retrouver cette souplesse du tendon alors ? Je me mets souvent accroupie mais je ne peux absolument pas mettre mes deux pieds à plat, l’un des deux doit être levé sinon je tombe !! Je pratique le taiji pour améliorer entre autre ma souplesse mais les résultats ne sont pas encore là ! Bonne journée !
Super intéressant! J’avais été fascinée en Asie par « l’asian squat »… tellement typique!
Au Japon, j’ai plutôt l’impression qu’ils ont développé la position à genoux (le fameux seiza) plutôt que l’accroupissement typique des autres pays d’Asie.
D’ailleurs cette position devait vraiment prendre une place importante dans la vie à l’époque là-bas puisque de nombreuses écoles d’arts martiaux japonaises ont développé des techniques de combat à genoux.
Il y a même de techniques pour se défendre quand ont est encore en seiza et que l’attaquant est debout…
Sinon la postions accroupie présente une autre avantage : pourvoir se reposer sans salir autre chose que ses pieds ou ses chaussures sur le sol !
C’est ce que j’explique rapidement, il y a plein de manières de s’asseoir, de s’accroupir et de s’agenouiller au Japon. Seiza, littéralement, c’est « s’asseoir correctement », justement par opposition à l’accroupissement qui est plus populaire, et qui n’est pas une posture à adopter à table. Mais on voit plein de travailleurs accroupis partout au Japon, ainsi que des gens, dans la rue, qui téléphonent, patientent ou autre…
Pour l’accroupissement comme manière « propre » de s’asseoir, je suis d’accord, au moins on ne salit pas son pantalon sur le sol quand on est dans la rue ou sur la terre battue !
article ethno génial comme d’habitude. mais attention Camille on acceptera aucune baisse de qualité, on commence à être trop habitué à l’excellence ! Pour le reste la photo de toi, bébé est géniale ! cela peut être te surprendre mais j’en ai pas de similaire sur moi, je comprends pas pourquoi !
Merci mon cher Edouard, il faudra un jour que tu me montres une photo de toi bébé, raide comme un piquet. Parce qu’on me l’a raconté, mais je n’ai jamais vu ça de mes yeux, un petit enfant en bois.
Juste passionnant. Merci Camille pour ce tour d’horizon d’un sujet très vaste qui mériterait au moins un livre à lui tout seul. Merci d’avoir agrandi ma perception du monde. C’est une réflexion que je n’aurais jamais eu ayant très peu de connaissance de l’Asie pour ne m’y être quasiment jamais rendu..
ça rejoint bizarrement une réflexion sur les tendons d’achille d’une fillette de 9 ans qui vit chez moi et que les kiné s’efforçaient d’étirer (les tendons hein!) à grand renfort d’exercices variés quand l’ostéopathe a finalement conclu que c’était parfaitement inutile, qu’elle était juste un peu raide. Je testerai avec elle.
Merci Ludovic ! Elle me fait penser au fameux petit bonhomme tout raide que je décris plus haut cette petite fille, ne va pas la torturer hein !
Je me demande combien de personnes ont essayé de s’accroupir après la lecture de ce billet passionnant, surtout que tu nous mets au défi en nous expliquant que tu y arrives encore, tu as fait de la danse ou de l’haltérophilie ? J’avoue, j’ai essayé, j’ai failli me fêler le coxis (mais j’essaie tout quand on me dit que je ne peux pas le faire, comme me lécher le coude).
J’adore les marchés d’Asie pour ça, les vendeuses, comme ta marchande de poisson, vendent accroupies, en position de repos donc, et pour rester au niveau de leurs clients qui eux sont debout, elles s’installent directement sur leur étal. Je rigole tout seul en imaginant la même chose sur les marchés parisiens…
PS : Jolie la blondinette de la photo !
Non non, ni danse ni haltérophilie, ni cricket d’ailleurs, j’ai toujours crapahuté. Pourquoi moi et pas mon frère, mon père ou ma mère par exemple, c’est une bonne question… Cause ou conséquence, je suis particulièrement souple. Si je me penche en avant, en gardant les jambes tendues, je peux mettre les mains à plat par-terre par exemple. Pas mal de gens coincent à peine au niveau des genoux. Mais c’est une gymnastique que je fais au quotidien sans m’en apercevoir, elle est intégrée dans les mouvements de tous les jours, quand je me baisse ou m’étire pour attraper un truc par exemple. Ma tante, qui est ostéopathe et danseuse, entretient sa souplesse en grande partie avec des exercices du genre.
Alors, je me penche en avant, en gardant les jambes… Tu veux vraiment que je me casse la gueule ?
Génial, je t’ai imaginé en train d’essayer en l’écrivant… Moi évidemment, depuis que j’ai lu ta réponse, j’essaie de me lécher le coude. Faudrait nous prendre en photo côte à côte, on aurait l’air de gens très sérieux.
J’ai réussi à m’accroupir avec les pieds à plat mais ça tire (sur les tendons).
Après avoir lu ton article de bon matin, je suis partie me balader en forêt avec mes chiens. Arrivée à l’étang, ils se sont baignés comme des fous (premier bain de printemps pour eux), et j’ai eu envie de m’asseoir. J’ai repensé à ton article et suis restée accroupie à l’asiatique quelques instants…. pas évident pour l’occidentale que je suis, habituée à être assise devant un pc. J’ai tenu bon pendant 10 minutes ! Chose étonnante, j’ai fait le dos rond un moment et le mal aux reins qui me tenait depuis hier (station debout toute la journée), s’est miraculeusement dissipé. J’ai senti le bas du dos craquer et se rééquilbrer. Merci à toi pour ce texte passionnant et à vocation thérapeutique !
Merci Linda, je suis ravie pour ton dos ! Bon, attention quand même, il n’y a pas de miracle : le poids se répartit autrement dans cette position, et les genoux prennent cher si on reste accroupi 10 heures par jour. Les personnes âgées en Asie présentent des cas avancés d’ostéoarthrite : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18524597
Si tu restes à 10 minutes par jour en tous cas, tu ne risques rien !
Oui en effet, pour moi, l’accroupissement me fait mal aux genoux et pourtant je suis très souple.
A propos des Asiatiques, j’ai remarqué qu’ils avaient souvent des jambes arquées: est-ce la conséquence de cette habitude d’être accroupi ou la cause?
Difficile de répondre, j’en suis consciente mais, de fait, ils ne sont pas « configurés » comme les Occidentaux.
Bénédicte
Non non, c’est une très bonne question, et vous avez tout à fait raison : il y a bien un lien entre les deux. Il y a un très bon passage des Techniques du corps de Mauss là-dessus justement :
« Vous vous rappelez qu’autrefois on considérait comme un signe de dégénérescence l’arcature des membres inférieurs. On a donné de ce trait de race une explication physiologique. Celui que Virchow encore considérait comme un malheureux dégénéré et qui n’est rien moins que l’homme dit de Néanderthal avait les jambes arquées. C’est qu’il vivait normalement accroupi. Il y a donc des choses que nous croyons de l’ordre de l’hérédité qui sont en réalité d’ordre physiologique, d’ordre psychologique et d’ordre social. Une certaine forme des tendons et même des os n’est que la suite d’une certaine forme de se porter et de se poser. C’est assez clair. »
Voilà, à force de m’accroupir, j’ai les jambes arquées moi aussi, et je connais d’autres Occidentaux accroupis (des hommes plus âgés que moi en l’occurrence) qui sont à un stade d’arcature bien plus avancé que le mien… C’est inévitable.
Patrick, il y a déjà moi 🙂
J’ai vu ça…
Bonjour Camille,
Ce qui est plaisant et fascinant à vous lire, c’est la délicate association entre l’art culinaire, l’ethnologie et surtout ce regard humain sur l’humain. Et comme toujours, les photos sont top.
En plus, la photo de la petite Camille est charmante. 🙂
Et votre « petit bonhomme » quand il sera tout grand remerciera sa maman de lui avoir ouvert l’esprit – et le corps ! – sur le monde, tout grand lui aussi.
Merci.
PS : j’aime beaucoup le titre : « les habitudes ont la dent dure ».
Bonjour Alexandre, merci beaucoup pour tous ces compliments ! Mon « petit bonhomme » mesure 1m90 et chausse du 48, c’est un ami très cher, je n’ai pas d’enfants ! C’est probablement la personne la plus raide que je connaisse, il m’a expliqué qu’il n’a jamais réussi à s’accroupir, à s’asseoir en tailleur etc, ce qui faisait de lui un petit gars hors normes à l’école maternelle 😀
Chère Camille,
Nous avons tous un « petit bonhomme ». 🙂 Le mien mesure 1,85 m et c’était mon petit frère que je berçais. Je demanderai à ma charmante belle-sœur s’il est raide comme le vôtre mais j’en doute. Ce p’tit frère m’a toujours étonné. 🙂
L’essentiel est que vous et vos posts restiez charmants.
Bien à vous,
Alexandre
PS : Y aurait-il un lien entre accroupissement et position fœtale ?
Ce sont des positions très proches en effet à première vue, mais elles sont résolument différentes à mon avis. Tout d’abord, la position foetale répond à une contrainte d’espace confiné, ce qui n’est pas le cas de l’accroupissement : c’est une position technique, une mise au niveau du sol pour agir tout en économisant son énergie, ou pour se reposer.
Mais surtout, l’accroupissement va avec la notion de gravité, alors que le foetus baigne dans un liquide. Pour toutes ces raisons, ces deux positions divergent, même si elles ont de flagrantes similarités.
Mais ce n’est qu’un avis naïf ; on sort clairement de mon champ de compétence, il faudrait demander à des spécialistes de l’anatomie ce qu’ils en pensent 🙂
Merci de cet avis toujours aussi éclairant. Mais jamais naïf. 🙂
N’empeche que l’accroupissement donne un peu la même reconfort que la position foetale que l’on fait, par exemple, quand on dort. Finalement « faire le dos rond » est toujours protecteur comme le ventre de mére ?
En Siberie, la position accroupie est Clairement celles des anciens detenus, comme les tatouages…
Ah merci, je n’avais pas pensé à ça, c’est intéressant de voir les connotations que prennent certaines positions dans certains milieux sociaux. C’est aussi la position de la fouille corporelle des détenus américains (mais seulement les hommes) : http://www.insidetime.org/mailbag.asp?a=419&c=do_i_have_to_squat
To squat:
To sit in a crouching position with knees bent and the buttocks on or near the heels.
http://www.thefreedictionary.com/squat
🙂
Un sujet vaste qui exprime, la vision du monde de l’occident et l’asiatique. En Asie, les choses vont horizontalement, par exemple, la danse (qu’il ne faut pas décoller les pieds, alors que le ballet est de sauter le plus haut possible), l’architecture sans étage etc. S’élever est une position « insolente (ou vaine) et artificielle » en quelque sorte, vis à vis de la nature. Rester au sol est une image naturelle et stable. Le mieux est de s’allonger, à l’image de vieux sage.
L’horizontalité(une couche) et la verticalité(multi-couches) sont aussi la vision en 3D et 2D. Dans la peinture, si la profondeur (la perspective) est celle de l’occident, les tableaux asiatiques representent les choses sans profondeur, il y a juste l’espace blanc (le vide) qui signifie l’espace… enfin, oui le BAS et le HAUT est un signe extrêmement culturel. Tiens y a aussi des animaux font le verticale pour menacer son ennemie.
J’aime beaucoup ces réflexions sur la danse. Et sur l’espace. 🙂
Ah, elle est géniale Luna, elle a effectivement toujours des observations très chouettes et très justes. J’aime beaucoup cette réflexion sur le « sens » (au propre comme au figuré) des choses.
C’est tout à fait normal, je vous apporte quelques observations, je viens de cette culture et ce sont mes vécus tout simplement.
Par contre ces curiosités, ces questions « justes » de Camille est admirable. C’est plus difficile de poser la bonne question que de bien repondre.
Bonne nuit les filles (enfin pas Camille qui devait avoir les yeux bien reveillés encore, j’imagine…)
Merci Luna, ça me touche parce que je trouve vraiment que tu as un oeil pour tous ces trucs, tu tapes souvent hyper juste et pour ça j’adore ton blog. Je me souviens de cette histoire de crottes de nez au début de l’article sur le salé, tu avais fait preuve d’un humour et d’une honnêteté rare, ça m’a parlé, ça m’a conquise.
Et effectivement, toujours pas couchée, je me suis lancée dans une guerre sans merci contre une mite qui veut bouffer mes pulls.
Chère Camille,
Chouette
Juste
Au propre comme au figuré
Vous aimez les mots.
Vous avez du talent.
Osez !
Faites-nous un joli e-book et nous en ferons la pub !
Ecrivez !
Vous aimez cela et nous aussi ! 🙂
Merci ! J’écris pas mal, c’est mon boulot 🙂
Depuis que je travaille en freelance, j’ai surtout écrit des bouquins et articles sous pseudo ou dans des mags qui ne sont pas internet, du coup je ne suis pas hyper visible, mais j’écris. Durant mon prochain voyage (je repars dans quelques jours au Japon) et au retour (fin novembre), il devrait y avoir plus de choses consultables en ligne, je le ferai savoir sur la page Facebook quand ce seront des articles en rapport avec la gastronomie, mais c’est loin d’être ce que je fais le plus en fait. Je suis plutôt orientée culture/société a priori. En tous cas je vous tiendrai informé 🙂
Bonjour Camille,
Vous écrivez pas mal, certes, mais pas mal du tout ! 😉 C’était là mon propos.
Pour faire un e-book en format ePub, voici un excellent logiciel gratuit : http://calibre-ebook.com/download Ainsi, vos e-lecteurs pourront vous lire sur leur liseuse préférée. 🙂
Je ne vais plus que rarement sur Facebook. J’étais pourtant parmi les premiers à m’y abonner, grâce à un copain de Google. Je dois sans doute faire partie des ‘early adopters’. C’est mon boulot à moi. 😉 Mais FB a dérivé et ce copain a depuis quitté Google… Tout change. 🙂
Bon séjour au Japon !
A FB, j’ai préféré les sanglots longs des violons de Twitter. Ainsi vous suivrai-je au Japon ! 🙂
Et, surtout, n’oubliez pas d’écrire !
J’y suis aussi, @heimsendi, mais je ne suis pas très active, surtout en voyage… Et je n’oublierai pas, pas d’inquiétude 🙂
Me lécher coude, j’y arrive pas !
Par contre, je viens de tester, je peux m’accroupir, mais uniquement avec les jambes très écartées. Et je tiens mieux la position avec mes bir…stock que pieds nus (dans ce cas ça tire sur le côté externe des chevilles).
Bon, maintenant j’attends la photo accroupie sur une chaise !
Moi, petite, c’était assise en tailleur sur les chaises, mais je me faisais engueuler.
Héhé, il faudra que je demande à un copain d’immortaliser ça un jour, en général on me surnomme Birdie quand je fais ça.
Birdie sounds like s/o always ready to take off. 😉
Je me permets d’émettre des doutes quant à tes explications. En effet ma soeur et moi-même, originaires tous les deux de Corée du Sud avons été adopté à l’âge de trois mois (à 4ans d’intervalle). Cette posture nous est pourtant naturelle malgré le fait d’avoir été élevés « à l’occidentale ». Nous n’avons pas pu avoir cette posture comme modèle, ni par nos parents, ni par nos proches et amis! Donc la question est comment se fait-il que pour regarder dans le four, pour ranger des choses par terre, etc., c’est ainsi que nous nous accroupissons, sans même se poser la question?
Tu soulèves là des questions intéressantes. En préambule, je tiens à préciser que ce ne sont pas « mes explications ». Ce sont des explications scientifiques fournies tous les anthropologues et médecins depuis le début du XXe siècle. Je ne fais que les rappeler car, tu l’illustres bien, beaucoup de gens croient encore que cette position n’est innée que chez les Asiatiques.
Le premier point important donc, c’est que tous les enfants du monde adoptent cette position instinctivement. Moi, toi, eux, c’est universel. Ce qui va nous pousser à la perdre ou à la conserver n’est pas de l’ordre de l’imitation. Soit l’enfant n’est pas bridé par ses parents à ce niveau-là, ils le laissent faire, et il se tiendra un peu comme il voudra (donc comme ça, puisque c’est instinctif), soit les parents vont tenir au « tiens toi bien ! » et « corriger » cette posture naturelle chez tous les enfants. Mes parents ayant toujours été cool là-dessus, je m’accroupis encore à l’âge adulte alors que je ne suis pas du tout asiatique. Et je n’ai eu à imiter personne pour cela.
Pour ce qui est de l’adoption, je trouve ton idée très tendancieuse. Moi aussi j’ai été adoptée. Je ne viens pas de France du tout. Je viens de Serbie, d’un bled bien précis où il y a eu très peu de mélanges ethniques et où le physique et la culture des gens sont très typés. J’ai un héritage génétique lié à ce pays : mon groupe sanguin, ma couleur de cheveux, de peau etc, mais mes postures, mes goûts alimentaires et ce genre de choses n’ont rien à y voir.
On entend parfois des aberrations du type « ah, ils ont adopté un bébé chinois, on a vu très tôt que ce bébé ne voulait manger que du riz, c’est parce qu’il est chinois ». Ça pour moi, c’est un fantasme (du moins si le bébé a été abandonné à la naissance en France, ce qui est mon cas. Pour les gamins qui ont en partie été élevés ailleurs, c’est évidemment très différent).
Je ne crois pas que mon pays d’origine soit responsable de la manière dont je m’assois, dont je me tiens en général, ou de mon caractère. Les parents vont avoir tendance à vouloir expliquer plein de choses de cette manière, « il a su tout de suite manipuler des baguettes, c’est son patrimoine qui ressort », alors que ce seront souvent des comportements qu’ils auront induits ou encouragés chez leur enfant justement – de manière souvent tout à fait inconsciente bien sûr – car c’est le meilleur moyen de respecter le fait qu’il vienne d’ailleurs.
Le cas de l’accroupissement est particulier car il n’est pas propre à une race, une ethnie en particulier. Il n’y a donc rien à encourager. Il suffit de ne pas forcer ses enfants à perdre cette position (ce qui là aussi n’est souvent pas fait de manière consciente, ce sera de l’ordre de la politesse, de la bienséance etc) pour qu’ils la gardent à vie. C’est sans doute ce que tes parents ont fait, comme les miens. Et mes parents, comme les tiens, sont incapables de se tenir accroupis.
Je vais revenir vous lire car j’aime vos billets qui ouvrent mon esprit. A bientôt.
Merci, ravie que ça vous plaise ! Bonne lecture, à bientôt !
Bonjour,
Cet article est très intéressant mais je me demandais une chose : cette position accroupie n’est-elle pas mauvaise pour la circulation du sang ? J’ai bien l’impression qu’elle coupe/empêche une bonne circulation du sang… qu’en pensez-vous ?
Bonjour Emilie,
je n’ai pas particulièrement remarqué de problèmes à ce niveau-là. Mais il est évidemment mauvais de rester dans n’importe quelle position trop longtemps, que cela soit debout, couché, assis ou accroupi, chacune allant avec son lot de complications si on reste immobile durant des jours entiers. Au pire des cas, on peut toujours employer une technique appréciée des mamies japonaises (je les ai repérées en action) : se donner de petites gifles régulières sur les jambes histoire de faire circuler tout ça…
Merci pour votre réponse, je me tapoterai donc ^^
L’article est intéressant, mais une précision : on ne danse pas la capoeira, on la joue. Il s’agit d’un art martial, pas d’une danse.
Sur ce, je vais vérifier l’élasticité de mes tendons d’Achille.
Merci pour cette précision, c’est corrigé !
Passionnant et plein d’humour, c’est un vrai plaisir de te lire. J’ai garde de sejours anciens a Taiwan cette habitude de m’accroupir, souvent a la fraiche, dans le jardin, en buvant mon cafe le matin. tout est une question d’equilibre, de la facon dont on balance le poids du corps – c’est une position qu’on peut tenir longtemps si on se place correctement.
La je me marre toute seule en m’imaginant accroupe devant mon ordi – tout le mobilier de bureau serait a redefinir.
Merci Gracianne, j’observe les gens autour de moi depuis quelques semaines – je suis de retour au Japon – et j’aurais des milliers de photos de gens accroupis à prendre chaque jour. Le retour au mobilier au ras du sol est un vrai plaisir en tous cas !
Haaaa merci, j’ai enfin une vraie réponse à cette question.
Ne me reste plus qu’à trouver comment ré-assouplir tout ça si ce n’est pas trop tard.
Alors, j’ai essayé de me pencher en avant et de mettre mes mains par terre en gardant les jambes tendues, et je découvre que mon kiné/ostéo m’a menti quand il m’a dit que j’étais hyperlaxe…
Plus sérieusement, cet article est passionnant, ça fait plusieurs fois que j’y reviens. Et c’est là que je vois à quel point je suis occidentale bien qu’étant 100% chinoise : j’ai toujours ressenti quelque chose d’un peu honteux dans cette position, comme une interdiction de me tenir accroupie — du moins en public, parce qu’il en va autrement dans la sphère privée. Comme quoi, c’est vraiment culturel.
Cest drole mais vrai, common position in the Philippines but I don’t find it easy 🙂
Really Alex? And did you do the Asian squat as a kid?
C’est passionnant! je n’avais jamais vraiment réfléchi à tout cela et c’est vrai que l’éducation,la »politesse » nous bride et nous éloigne de nos instincts primitifs…est ce qu’il faut le regreter? je ne sais pas? Mais pour la position accroupie je me demande si elle n’est pas dénigrée en occident car c’est la position pour « faire ses besoins »,dans des toilettes à la turc,ou en pleine nature si on va se promener…ce serait une position trop « intime » donc et à ne pas montrer à tout le monde. Il doit y avoir une notion de pudeur,d’intime…qu’en pensez vous?
C’est exactement ça, et symboliquement, tout ce qui est en bas, c’est nul, et ce qui est en haut, c’est bien. Classique… C’est un héritage du Moyen-Âge, les gens qui s’accroupissaient et bossaient au ras du sol, c’étaient les paysans. Les riches, eux, ne s’asseyaient pas par-terre. Et puis le haut, c’est le ciel, c’est Dieu, le bas, c’est le Diable.
Ohlalala ! Passionnant, instructif, remarquablement écrit… C’est sûr, ton blog entre aujourd’hui dans mes favoris !
Je suis une adepte de la position accroupie… quand je porte des talons ! Je crois que mes tendons d’Achille ne sont pas très en forme. Mais comme je commence le yoga ce mois-ci, ça ira sans doute bientôt mieux ! 😉
Merci pour ce très chouette article que je partage allègrement !
Merci Charlie pour tous tes commentaires, bonne lecture !
J étais en train de me préparer à manger quand je me suis posée cette question.
Je n ai pas décroché l article de tout le repas, bravo & Merci
Merci Akim, ravie que ça vous ait plu !
Merci. Un nouvel article à partager.
Je fais un court séjour au Vietnam, en décembre. Cela me réjouit pour de nombreuses raisons et le sujet de ton étude en est une. En effet, je vais rendre visite à de vieux Vietnamiens dont la souplesse m’a épaté (je suis plutôt souple mais je n’ai pas 83 ans) quand je les ai vu dîner, sur des photos.
Bon retour chez les Niçois, Camille.
Merci Pierre ! Bon séjour au Vietnam !
Merci, super article!! Captivant et instructif.
C’est décidé, maintenant chez moi c’est accroupi !!
C’est super intéressant; j’ajoute qu’il faudrait poser le problème à certains médecins, psychiatres ou psychologues, pour leur permettre de mieux soigner les gens car cela ouvre l’esprit sur la compréhension d’un tas d’autres choses; en le disant « faites au moins l’effort de vous demander pourquoi les populations asiatiques mangent assis, et vous trouverez la réponse à votre questionnement sur bon nombre de vos patients »…Ainsi ils finiraient par se prendre un peu moins la tête sur des choses intellectuelles lorsqu’ils essayent d’analyser certaines personnes ou situations…Si vous vivez accroupi chez vous; pouvez vous inviter n’importe qui à votre table,sans que vous ayez à vous justifier davantage qu’en disant que vous appréciez pour l’instant ce mode de culture?
Bonjour Alisonne,
je vous réponds bien tard, désolée. Chez moi, il y a un tatami et une table basse, pas de sièges. J’ai dû prendre des chaises de jardin en rab pour mes parents, car s’ils viennent manger chez moi, ils sont bien mal à l’aise ! En revanche, je n’ai jamais eu à expliquer ma position aux autres car elle ne dérange pas plus que ça. Mais il arrive qu’elle amuse. J’avoue qu’il est très reposant d’être en Asie, car là-bas cette position est considérée comme « normale » alors qu’ici elle suscite des regards… parfois moqueurs.
Juste une remarque que la position assise n’a pas toujours été associée à la noblesse en Occident, et qu’il n’y a pas une association linéaire entre « assis » et « éduqué/civilisé ». Chez les Romains, c’est même le contraire: le chef de famille est allongé (position généralisée dans les banquets) et le reste de la famille est assis. Le peuple est assis. D’ailleurs, c’est à la chute de l’Empire romain que l’usage aristocratique de s’allonger disparaît et que la position assise au repas se généralise. A part ça, merci pour cette page.
http://www.civilisation-romaine.com/la-vie-quotidienne/la-cuisine-romaine
http://technoresto.org/tr/arts_table/
Bonjour Emeric,
Oui, les Romains s’allongeaient, c’est bien connu. Mais globalement, cette civilisation fait partie de l’« humanité assise » dont parle Mauss, c’étaient pour la majorité des « gens à banc » comme il le précise. Les artisans, les petits commerçants, bref, la majorité des gens ne disposaient pas de triclinium. Ils s’asseyaient. Et le peuple se distinguait lui-même ainsi des esclaves, les gens accroupis. Le mobilier, qu’il s’agisse de banc ou de triclinium, différenciait la classe moyenne des basses couches de la société.
excellent article, merci beaucoup.
voilà un mois que je m’essaye à l’ « asian squat », c’est bien mais sur le devant des tibias j’ai les muscles qui fatiguent rapidement, manque de souplesse ou manque de résistance musculaire, je ne sais pas. ça devrait venir avec le temps dans les deux cas.
Cher Sly,
Effectivement, ça venir. Le fait est que tu es très musclé (oui j’ai regardé ton blog et je le trouve très chouette. Dommage que tu l’arrêtes, mais je comprends exactement pourquoi, je me retrouve dans pas mal de choses que tu racontes). Il faut un peu de temps pour faire faire à tous ces muscles, os, tendons et ligaments des choses dont ils n’ont pas l’habitude. Cela prend toujours plus de temps quand on est déjà bien « sculpté ». Mais ça redevient assez vite instinctif et confortable. Un réapprentissage de l’inné, quoi… Enfin bon, je te dis tout ça mais tu le sais déjà, tu connais bien le sujet, puisque c’est exactement comme réapprendre à marcher pieds nus 😉
ah merci pour ta réponse, quelqu’un qui me comprend !
peut-être un jour je serai plus apaisé et je reprendrai le blog, mais les derniers posts devenaient trop énervés.
l’essai de Tim Ingold sur l’homme occidental déconnecté du sol (chaussure, chaise, voiture) devrait t’intéresser : http://www.nyu.edu/classes/bkg/tourist/feet.pdf
je vais continuer à travailler mon squat en lisant tes articles, content d’avoir découvert ton site
Cool, merci beaucoup, je vais regarder ça de près !
alors,
je viens poster ici quelques conclusions concernant ma progression dans la posture de l’asian squat,
ça peut toujours intéresser ceux qui souhaitent s’y mettre.
mes hanches n’étant pas très souples, pas très ouvertes, la posture me fatigue rapidement au niveau des muscles à l’avant des tibias (tibial antérieur). Un indicateur évident est le tendon du tibial antérieur qui fait saillie. Il est inutile de développer ces muscles pour la posture (c’est une posture de repos), ce qu’il faut c’est étirer les articulations (hanches pour moi, tendons d’Achille pour d’autres). Une solution qui me permet de tenir la posture plus longtemps (donc d’étirer mes hanches plus longtemps), c’est avec mes mains m’accrocher (très doucement) à un pied de table devant moi. L’effet est immédiat : le tendon en question ne fait plus saillie, les muscles du tibial antérieur se mettent au repos, et je peux ainsi garder la posture aussi longtemps que je le souhaite, jusqu’à ce que mes hanches en aient assez. C’est tout bénéf, j’étire ce qu’il faut étirer et je préserve mes muscles pour la course à pied.
et pour ceux qui ont comme moi besoin d’ouvrir les hanches :
https://www.youtube.com/watch?v=9lUqo5Qceh0
Merci Sly pour ce compte-rendu très technique, il va faire des heureux !
« Ainsi, j’ai beau ne pas être asiatique, c’est la position que j’adopte instinctivement dès que je suis fatiguée, et c’est également comme ça que je mange, cuisine, travaille etc. Là par exemple, à l’heure où j’écris, je suis accroupie. Je m’accroupis même sur une chaise de bureau, car rester assise est moins reposant pour mon dos. »
Je pleure de joie de lire ça, au vue des moqueries que je me tape en me mettant accoupie quand mon dos fatigue ou que je me place comme ça sur mon siege de travail (quand c’est pas en seiza ou tate hiza). Un grand merci : ) on se sens moins seule
Je m’assois en seiza depuis des années, et mon dos m’en est redevable.
Vous devriez écrire à Amélie Nothomb ou Muriel Barbery (japonisantes notoires), pour qu’elles consacrent quelques pages à cette merveilleuse position.
mi belge, mi philippine, il aura fallu que je découvre ton blog pour en savoir un peu plus sur mes propres origines.
Passionnant, instructif et bien rédigé. Merci!
Je rêve de pouvoir profiter de cette position accroupie, que j’expérimente très souvent car j’ai toujours un bouquin à lire, un ordi à regarder, un truc à bidouiller au raz du sol… malheureusement, j’ai en 5 minutes les jambes toutes engourdies : le sang ne circule plus et les tapotements des mamies chinoises ne suffisent pas à rétablir un circuit correct! Faut que je me redresse vite, sous peine de rester ensuite avec les jambes bloquées pendant un bon moment!… puis, j’ai un peu peur que ce ne soit pas top pour mes futures varices…Si quelqu’un a été confronté à cela et a trouvé une solution qui lui convienne…? AIdez-nous à retrouver le bien-être de l’Asian Squat!!!
Salut merci pour l’article. Je me demandais si In avait des retours médicaux sur les conséquences des positions accroupies ou en « seïza » sur la circulation veineuse dans les membres inférieurs (apparitions de varices, etc)
Je me permet aussi de proposer une petite correction
La table en grec c’est trapezi (το τραπέζι mot neutre) en effet trapeza (η τράπεζα mot féminin) existe et signifie « la banque » en mémoire des stands des banquiers de l’antiquité sur l’agora d’Athènes qui etaient en forme de trapèze.
++
Les turcs aussi !
Superbe article. Limpide, captivant.
Ton site est vraiment une mine d’or.
Merci Camille!
J’ai une question qui vous paraîtra sans doute curieuse.
Je vais beaucoup en Asie et effectivement cette position accroupie m’a toujours interpelée , car j’en suis incapable.
Avec votre explication sur le tendon je vais m’y atteler.
Donc une autre chose m’a beaucoup attiré le regard, c’est le crâne plat qu’ont beaucoup de bébés asiatiques. Je me suis souvent demandé si cela avait un rapport avec la position accroupie des futures maman pendant la grossesse ?
Si vous avez une explication….cela comblerai mes questionnements.
Bonjour Michelle,
Le syndrome de la tête aplatie que l’on retrouve chez les bébés en Asie (et pas qu’en Asie en fait) vient du fait de dormir sur le dos, tout simplement.
Bonjour. Merci pour cet article. Une petite précision. La table en grec c’est trapezi (τραπέζι) et non trapeza (τράπεζα) qui veut dire « banque » rapport au fait que sur l’agora antique les banquiers dressaient des… tables en forme de trapèze.
J’aurai besoin pour ma part aussi d’un Complément d’information étant donné que vous avez creusé le sujet; avez vous des données médicales sur l’impact de l’an position asian- squat (que je pratique régulièrement et tout naturellement ainsi que sur le seiza japonais) sur la circulation veineuse, et l’apparition de problèmes circulatoires (varices et autres réjouissances)
Merci!
Article très interessant à tout point de vue. J’étudie la question de vivre « près du sol » pour mes études d’architeture d’intérieur et j’aimerais savoir si vous auriez un livre à me conseiller sur ce sujet? Ce n’est pas un thème qui est beaucoup abordé et je de la peine à trouver des informations. Merci d’avance 🙂
Vous étiez gracieuse à ravir et vous avez eu bien raison de publier cette photo qui met tout de suite de bonne humeur.
Je n’ai aucune difficulté à m’accroupir et rester dans cette position mais comme vous paraissez bien savante je vous présente une requête. J’utilise depuis peu une « Chi Machine ». Pour me relever pas de problème particulier mais pour m’allonger au sol, je sais pas faire…Je me reçois n’importe comment. Quelle technique avez-vous à me proposer?
Merci.
Bonjour Roger,
Merci pour votre commentaire qui m’a fait connaître la Chi Machine, je n’en avais jamais entendu parler ! Je ne suis pas une experte du corps et de sa mécanique, mais j’ai l’impression qu’on a souvent du mal à s’allonger au sol quand on redoute un choc, et on a alors tendance à se crisper, à se cambrer, voire à envoyer les bras en arrière, et c’est le meilleur moyen de se faire mal.
Si vous vous relevez bien, décomposez le mouvement en question : soit vous vous relevez progressivement en avant, en tirant sur vos abdominaux, soit vous faites une transition en passant sur le flanc. Dans les deux cas, vous faites le dos rond.
Pour s’allonger, c’est la même chose à l’envers. On s’assoit au sol, on part avec le dos rond et on se « déroule » progressivement au sol, en sentant son contact remonter le long de la colonne. Ou on part de moins haut, en commençant par se mettre sur le flanc et en faisant la même chose latéralement. Le principal est de garder le dos rond et de faire travailler le ventre pour ne pas basculer en arrière mais contrôler le déroulé du dos, tout doucement, sans à-coup. Les bras restent vers l’avant ; il ne faut pas tenter de se retenir avec les mains.
Si quelqu’un a une meilleure technique – ou une meilleure explication -, qu’il n’hésite pas à la partager !
Cet article est vraiment bien écrit ! Je vous remercie pour toute ces informations récoltées, cela m’aidera sur mon projet de table-sacoche qui servirait, à la fois pour les ordinateurs, et à la fois pour dessiner, manger, etc.
Bonjour, je réalise un mémoire pour ma dernière année de design de produit. Mon mémoire parle de la chaise et des méfaits qu’elle occasionne sur notre santé, également je parle de la position accroupie qui elle est idéale pour notre corps, la digestion, notre dos et l’entretien de nos muscles. J’écris ce message pour savoir s’il était possible d’utiliser vos photos de l’article afin de compléter mon mémoire avec des images de qualité ?