Des poussins d’un jour en brochette

Oh qu’ils sont jolis ces petits poussins. Cela fait partie des snacks philippins que je voulais à tout prix essayer. Il s’agit de mini-poulets, à peine sortis de l’oeuf et déjà embrochés. Ils sont marinés puis cuits au barbecue ou frits.
Je les ai trouvés sur la place centrale de Coron Town, sur l’île de Busuanga. Allez, zou, je les achète. Ils sont vendus par deux, embrochés du croupion jusqu’au sommet du crâne. Tout petits, tout jolis. Le vendeur les fait frire. Comme souvent aux Philippines, l’huile utilisée pour la friture n’est pas ce qu’il y a de plus propre et saine. Elle a servi maintes fois à frire mille autres choses variées, toute la journée, et toutes les journées précédentes aussi.
Le résultat, comme on pouvait s’y attendre, n’est pas terrible. Les petits poussins sont un peu secs et n’ont pas un arôme fort; on sent surtout la vieille huile. Les os sont minuscules mais bien solides, il n’est pas conseillé de tenter de les manger, même si tous les Philippins le font. Je n’ai donc pas poussé le vice jusqu’à manger leur tête, mais normalement, on n’est pas censé en laisser une miette.
Fallait pas être un mâle
Ces petits poulets sont tous des mâles. Ils sont les rebuts des élevages de poules qui ne gardent que les femelles pour assurer la ponte. Chaque année, dans l’ouest des Philippines, on tue ainsi plus de 250 millions de mini-poulets. Ca coûte cher de nourrir ces bêtes. On ne va pas les garder plus d’un jour si l’on voit qu’ils ne seront pas productifs. Donc dès qu’on en a déterminé le sexe, hop, ils meurent s’ils ont la malchance d’être des petits mâles.
Lorsque je demande au vendeur de Busuanga où il s’approvisionne en poussins, pensant qu’il s’agit d’une ferme voisine, je vous le donne en mille… Ils viennent de Pateros ! Comme le balut, comme les oeufs salés, décidément, tous les chemins de l’oeuf mènent à Manille.
Je ne sais pas encore exactement ce qu’on leur fait là-bas. En effet, ils arrivent à Pateros déjà morts. Je suppose que c’est le lieu de leur ultime transformation : plumage et bain de marinade. Je rentre à Manille dans quelques jours, je tenterai d’y voir plus clair. Une enquête s’impose.
Eux au moins ils les mangent contrairement à nous qui en faisons une bouillie que l’on jette