Méfiez-vous de la rue des yakitori

Les yakitori, ces brochettes japonaises grillées au barbecue et recouvertes d’une sauce sucrée, c’est bon, c’est rigolo et c’est assez varié. Mais attention à ne pas en manger n’importe où, vous pourriez avoir de mauvaises surprises. Comme par exemple la fameuse rue des yakitori de Shinjuku, à Tokyo, où les brochettes sont certes bonnes, mais l’addition a du mal à passer.
Commençons par dire un mot sur les yakitori ou 焼き鳥, littéralement « poulet grillé ». Ces brochettes de viande et légumes japonais ne sont pas nécessairement à base de poulet malgré leur nom. Parmi les plus classiques, on a :
- toriniku, (とりにく), blanc de poulet
- hāto (ハート) ou kokoro (こころ), coeur de poulet
- rebā (レバー), foie de poulet
- sunagimo (砂肝), ou zuri (ずり) gésiers
- tsukune (つくね), boulettes de viande – de poulet évidemment, souvent sous forme d’une seule saucisse plate
- (tori)kawa ((とり)かわ), peau de poulet grillée jusqu’à devenir totalement croustillante
- tebasaki (手羽先), ailes de poulet
- enoki maki (エノキ巻き), champignons enoki roulés dans une fine tranche de viande de porc
- shiitake (シイタケ), champignons shiitake
Ces brochettes sont grillées au barbecue, puis, une fois cuites, elles sont nappées au pinceau d’une épaisse sauce brune, sucrée et salée, à base de sauce soja, de mirin et de sucre en général. On les mange généralement dans des minuscules restaurants – souvent ouverts sur la rue – dont c’est la spécialité, assis sur des tabourets le long d’un comptoir et tout près du barbecue. On grignote plus qu’on ne mange, et tant mieux, parce qu’un repas à base de viande uniquement ou presque, c’est un peu rude pour l’estomac.
Omoide Yokocho, la rue des yakitori
A Tokyo, la célèbre rue des yakitori de Shinjuku, c’est Omoide Yokocho, en Japonais 思い出横丁. Une ruelle étroite, tortueuse et en pente au milieu de ce quartier de buildings, tout près de la grande gare. Au début, ça paraît charmant, parce qu’une petite rue, ça fait toujours plaisir. Des deux côtés, ce ne sont que des petits restaurants de yakitori très mignons de l’extérieur, attirant une flopée d’habitués, de passants, de salary-men plus ou moins bourrés et de touristes. Elle est située ici :
Assez rapidement s’installe un certain malaise, parce que cette rue commence à sonner faux, à sentir le piège, mais nous tentons le coup et nous installons au comptoir chez Echigoya, un restaurant tenu par des Chinois (comme quoi il n’y a pas qu’à Paris) qui ressemble à tous les autres du coin.
Avant même de choisir ses brochettes, on se fait offrir une sorte de petite entrée pour patienter, des haricots verts à la sauce au sésame, servis froids.
Nous avons pris des brochettes au poulet au poireau, appelées negima (ねぎ間) servies par deux, des shiitake (deux brochettes d’un champignon chacune), deux brochettes de foie de poulet, et une seule d’enoki au porc. Si on fait le compte, nous avons donc en totalité 7 brochettes, dont deux ne sont en réalité qu’une, à savoir le shiitake, qui a été coupé en deux pour faciliter la cuisson. Bref, en vrai, il y a là 6 brochettes, dont les prix sont compris entre 200 et 300 yens, soit 2 à 3 euros.
Une note bien trop salée
Elles cuisent très vite, quelques minutes à peine, et s’enchaînent rapidement, le grignotage va très vite. C’est bon, la viande est tendre et juteuse, la sauce n’est pas mauvaise, tout va bien. Mais difficile de perdre de vue l’addition, sachant qu’au bout de cinq brochettes par personne, on atteint au minimum les 10 euros, et que cela devient cher par rapport à la plupart des petits restaurants de Tokyo où, pour cette somme, on peut manger très copieusement, voire faire deux ou trois repas.
Au moment de payer l’addition, il y a la surprise qui tue, le truc hyper désagréable typique des petites rues de ce quartier : on apprend que l’on doit payer un droit d’entrée dans ce restaurant, en plus des taxes qui n’étaient pas comprises dans le prix. Je trouve ce genre de pratique inadmissible. Ce droit d’entrée ne s’élève qu’à 300 yens, mais le principe est très irritant. Tous les restaurants de cette rue appliquent cette même règle. Rajoutez donc 10% et 300 yens à votre note d’office.
Au final, vos 6 brochettes vont reviendront à près de 20 euros, et vous l’aurez très mauvaise. Bref, évitez cette rue, même si on vous la recommande (on me l’a recommandée évidemment), vous avez mieux à faire à Tokyo, je vous assure. Si vous voulez vraiment des yakitori, éloignez-vous un peu de ce coin, il y a de chouettes petites adresses de l’autre côté de Kabukicho (et en traversant Kabukicho, vous verrez des hommes prostitués de l’espace qui cherchent des clientes en secouant leur crinière à la Rod Stewart, un grand moment).
Sinon, trouvez-vous plutôt un copain japonais avec un jardin et un barbecue et faites vos propres brochettes chez lui, c’est bien plus agréable.
Très intéressant.
Une petite question concernant la dernière photo : ce barbecue semble très petit, est-ce un barbecue « de table » ? Comment fonctionne-t-il, au charbon de bois ?
Au plaisir de vous lire.
Bonjour et merci !
Il ne s’agit pas d’un barbecue de table, les yakitori sont toujours faits sur ce type de barbecue au Japon. Ils ont la profondeur nécessaire pour faire tenir une brochette dessus, pas plus, soit environ 20 centimètres. Après, selon la taille de l’établissement et ses besoins, le barbecue peut être beaucoup plus long, mais la profondeur ne bouge pas. Dans la rue que je mentionne dans cet article, les restaurants sont si petits qu’ils ne peuvent accueillir, en moyenne, que 6 à 8 convives en même temps… Pas besoin d’un long grill donc, et surtout, pas la place. Et oui, c’est bien du charbon de bois !
Bonjour, je me permets deux ou trois petites corrections si vous le permettez :
Je ne sais pas où vous mangez habituellement à Tokyo mais ces 300 yens qui vous irritent correspondent à cette petites salades de haricots verts, qui n’étaient donc pas offerte ! C’est le table-charge et cette pratique existe dans la majorité des gargotes ; boui-boui ; bars et autres izakaya !
On ne va pas au yakitori pour se restaurer mais pour y boire de l’alcool en grignotant ! Pour repas complet et bon marché ; on ne va pas au yakitori !
La sauce sucrée, on la réserve pour les tsukune, ces boulettes de poulet, les puristes demandent toujours shio (sel) !
Cela m’étonnerait qu’un chinois puisse être propriétaire d’un de ces boui-boui dans pareil quartier, cependant le salaire horaire dans ces établissements est si bas que ce sont des Chinois ou des coréens qui accepteront de travailler dans ces conditions !
On ne se méfie pas de la rue des yakitori pour la table charge ; par contre on vérifiera bien que ce qui est sur la note correspond bien à ce que l’on a commander. Il arrive parfois que l’on charge un peu plus les touristes que les locaux, comme partout en fait.
Bonjour Roban,
Quatre ans plus tard, je déteste toujours autant Golden Gai et la rue des yakitori, qui n’ont aucun intérêt. On ne charge pas plus les touristes – ou les expats, puisque je n’étais pas à Tokyo en vacances en l’occurrence – que les locaux partout, c’est surtout un problème qui se présente à Shinjuku. J’ai mangé des yakitori bien meilleurs et moins chers dans des endroits beaucoup plus sympathiques, que ce soit à Tokyo ou ailleurs, dans des izakaya ou sur des yatai. Et ce n’est pas parce qu’on vient aussi pour boire que la nourriture doit être mauvaise et trop chère… Les izakaya ne sont pas tous des arnaques d’un point de vue culinaire, loin de là. Dans beaucoup d’établissements, on mange même très bien. Et sans table charge. Ça se pratique beaucoup à Tokyo, mais assez peu ailleurs, ou alors uniquement dans des bars où on ne mange pas du tout.
J’y suis allé en octobre et la pratique n’a pas changé, le lieu est très sympathique, mais c’était extrêmement chère, bien plus que ce qui était écrit sur la carte.
Bonjours,
« Une note bien trop salée » … peut être a cause de :
1)dans les rue dite « coupe gorge » : peut être … contrôler par des yakuza ? donc taxe de securiter … de protection … ou autre motif a définir …
2) »Avant même de choisir ses brochettes, on se fait offrir une sorte de petite entrée pour patienter, des haricots verts à la sauce au sésame, servis froids. » … a) si il compte dans l’addition alors que personne n’a commander … cela s’appelle …de l’incitation a la consommation déguisé … ou vente force déguisé … c’est comme un cabinet d’avocat qui te surfacture les heures de travail et des frais annexe (car comment vérifier qu’il ont réellement eut besoin de 10k rame de papier ou ils ont travaillé de tel heure a tel heure ? personne ne peut vérifier donc difficile de remettre en cause la facture).
b) »on se fait offrir une sorte de petite entrée pour patienter, des haricots verts à la sauce au sésame, servis froids » … si c’est comme dans les bars avec les cacahuètes très salées dite « offert par la maison » … c’est juste une incitation pour boire plus de bière, de pastis etc .. car avec les cacahuètes très salées … ça donne très soif !!! on est censée rester 10 minutes dans le bar … mais finalement … 4 h après on est toujours dans le bar … complètement saoul !!! en plus de ça si on t’offre 1 bière gratuite pour 2 consommées alors tu bouge plus du bar et la fin l’addition est finalement très salée !!!
3)l’emplacement du lieu : certain lieu dans certain quartier est plus chère en loyer ou a cause de la fréquentation … un lieu qui a beaucoup de fréquentation est plus chère en loyer donc ils imputent sur les prix …
4) »au comptoir chez Echigoya, un restaurant tenu par des Chinois » : l’habit ne fait pas le moine et ni la devanture d’ailleurs … je m’explique : je suis aller dans un restaurant qui était censé être chinois car sur la devanture il y avait écrit des mots en chinois et appeler le Hong-Kong … mais en réalité tenue par des vietnamiens … mais la surprise n’est pas fini car la carte des plats est totalement illisible car écrit en chinois !! donc forcement on pige rien et il n’y a pas de photos donc pour choisir c’est aléatoire… vue que j’avais très faim j’ai choisi plein de plats au hasard … pour finalement tomber sur 3 soupe ou il n’y avait quasiment rien dedans … je me suis dit que c’est une blague !! … les autres plats ne sont pas des soupes mais les portions sont tellement faibles qu’en payant l’addition a la fin … j’avais encore superRRRR FAIM !!! et les recettes sont plus vraiment chinois mais modifiées… une autre fois une suis aller dans un restaurant japonais tenu par des indiens avec un patron français (surement pour ne pas payer un vrai chef japonais avec une formation très strict et très longues .. car moins chère … concurrence déloyale) … une autre fois c’est un restaurant coréen tenu par … je ne sais pas quelle nationalité … mais ne parlent pas coréen .. quelle gageure !!! le problème c’est que les recettes sont modifie et ne correspond pas forcement a ce type de nourriture exotique qu’on s’attend … genre remplacer le porc moelleux par des fine tranche de boeuf tout sec ou du poulet … n’a strictement plus rien avoir avec le gout typiquement de telle région ou de tel pays.