L’envol raté de l’avocat tropical
Il était beau mon avocat. Il était grand, il avait du style, je l’aimais beaucoup. Il semblait prêt à s’envoler. Je l’ai trouvé chez le marchand de fruits à General Santos, entre les ananas et les mangues. Ici un avocat c’est en effet un dessert, que l’on consomme en milk shake, en gâteau, en crème glacée. Moi, quand je l’ai aperçu, j’ai pensé à du guacamole. Je l’ai acheté, je l’ai gardé précieusement durant deux jours, je l’ai laissé mûrir avec amour. Et puis un beau jour, il était fin prêt. Je l’ai ouvert.
Beau dehors, beau dedans. Une jolie chair d’un vert très pâle, bien mûre, sans défaut. L’avocat parfait. Le noyau est parti très facilement. Trop facilement. La chair de l’avocat tropical est tendre et n’a aucune tenue. Contrairement aux petits fruits que nous connaissons, dont la chair est ferme est grasse, ces avocats-là sont presque liquides. J’ai compris pourquoi on en faisait des milk shakes et des crèmes. Impossible de faire du guacamole. Le résultat est un désastre.
Il était beau mon avocat. La prochaine fois, je ferai une pana cotta.