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Coronavirus : manger sans odorat
Vous êtes sans doute déjà quelques-uns à en avoir fait l’expérience, et vous serez bientôt de plus en plus nombreux : le coronavirus qui circule actuellement a la particularité, semble-t-il, de toucher le système nerveux central et particulièrement l’odorat. C’est l’un des symptômes qui ne trompent pas : si vous avez le nez parfaitement débouché mais que vous ne sentez rien, on est quasi sûr que vous avez attrapé le virus et que vous avez le Covid-19.
C’est mon cas. Je me suis aperçue que mon odorat disparaissait progressivement. Mais la première fois que je l’ai remarqué, la baisse ayant été assez brutale au début, ce n’était ni à table, ni en cuisine. C’était sous la douche. Le shampoing, le savon et tous ces trucs sentent toujours dix fois trop fort. Ce sont des parfums agressifs, violents ; et pourtant, ce jour-là, je les ai presque cherchés. Aujourd’hui, je continue à humer, à renifler. Mais rien, il n’y a pas d’odeur.
Les textures et les goûts, mais pas les arômes
Cette perte d’odorat (hyposmie s’il s’agit d’une baisse, ou anosmie dans le cas d’une absence totale) s’est vérifiée à table. Ça m’a fichu un coup : comment vais-je faire mon boulot sans ce sens précieux ? J’ai les informations, chimiques, factuelles de ce que je mange sur la langue : mes papilles sentent l’acidité, le sucre, le sel, l’amertume. Je pourrais presque leur attribuer un pourcentage tant ces données sont nettes, n’étant pas noyées dans une foule d’autres sensations. J’ai les textures et les perceptions tactiles en général. Je sens le chaud, le froid, le craquant, le croquant, le crémeux, le gras, le pétillant, le moelleux, le feuilleté, le fondant…
Mais il me manque toute la partie volatile, charmante, si personnelle de chaque aliment : ses arômes. Et on a beau connaître la différence entre les goûts et les arômes, je n’en avais jamais fait l’expérience.
Je perds en nuance, en relief et en complexité bien sûr, mais j’ai l’impression d’avoir perdu bien plus que ça. C’est comme si, en gommant les ombres, mes sens déboussolés ne parvenaient même plus à distinguer les contours. Pourtant ceux-ci sont encore bien là. Ils ne sont simplement pas satisfaisants. Qu’est-ce qu’une pomme, à part du sucre, de l’acidité, de l’eau et une texture ? Tellement de choses… Ma mémoire tente de compenser le manque, comblant les trous en s’aidant des repères familiers des autres sens : les sons jouent un rôle fondamental pour moi. Le croquant de la chair de la pomme, le ressort du grille-pain, le chant de l’huile dans la poêle me laissent fantasmer des arômes, des parfums absents… Mais leur absence m’est d’autant plus cruelle.
Moi qui cuisine à l’odeur, je suis perdue. De toutes façons, je n’ai pas très envie de cuisiner. Je vois tous les blogueurs s’affoler en cuisine depuis le début du confinement, mais sans odorat et presque sans goût, à quoi bon ?
La vue : une allumeuse
On vous dit qu’on mange avec les yeux, malheureusement la vue n’est pas du tout une consolation. Pire : c’est une allumeuse ! La tasse de café fumante, à la belle couleur riche et sombre, ne contient plus que de l’eau chaude et amère, vaguement acide. En boire plusieurs ? Non merci, un seul suffira. Si j’arrive à le finir… La tartine de miel (mon réconfort ultime quand je suis malade, quand je rentre de plusieurs mois à l’étranger etc), avec son joli pain doré, son bon beurre et son miel crémeux choisi avec soin, se décompose platement en sucre, gras, et support sans saveur.
Les fruits, grands amours de ma vie, se résument principalement à leur texture, leur teneur en sucre et leur acidité. Le fromage a perdu tout intérêt. Il n’est plus que matière grasse, plus ou moins dense et élastique.
Le grillé a disparu, le fumé n’en parlons pas, le fermenté est indétectable. Même le calciné passe inaperçu. Les épices n’existent plus, ou à peine. Il reste la brûlure du piment, et sa brûlure uniquement. C’est presque plus une sensation tactile que gustative, d’ailleurs. Le vinaigre n’a aucun parfum ; l’agressivité de son acidité est seule sur la langue.
Et mon sang, quel goût a mon sang, si familier, si doux et unique ? Saurais-je le reconnaître ? Probablement pas. Fade et mou, anémié, il a perdu toute personnalité.
Le mystère des aliments rescapés
Bizarrement, des aliment assez fades gardent, eux, toute leur intégrité. Les noix de cajou sont fidèles à elles-mêmes. Les champignons de Paris crus aussi. Est-ce le fait que leurs arômes soient habituellement discrets qui les sauve ? Ou est-ce dû à leur texture unique, tellement prononcée qu’elle permet d’oublier (ou de reconstituer inconsciemment) le reste ?
Pourtant j’ai bien l’impression de sentir leurs arômes. Je suis incapable de déceler ceux du pain, mais la cajou et le champignon sont bien là. Tout comme le lait, d’ailleurs. Et le poulet aussi, il me semble, mais pas le poulet dans la gloire grasse de sa peau craquante et de ses cuisses juteuses. Plus le côté volaille indéfinie de son blanc quand il ne reçoit pas d’égards culinaires particuliers. Alors, fadeur ou texture ? Difficile à dire, tous ces aliments ont en commun une texture bien spéciale et des arômes plutôt délicats…
Le basilic aussi, pour l’instant, garde tout son intérêt aromatique. Alors que les zestes de citron sont quant à eux morts, ternes, totalement insipides. Ce sont pourtant de bons citrons, les meilleurs, rapportés de ma côte d’Azur et cultivés avec soin par des producteurs triés sur le volet… À quoi tiennent ces différences ? C’est pour l’instant assez mystérieux. Le peu d’odorat qu’il me reste va-t-il continuer à disparaître ? Ou ces quelques produits, que je n’ai pas choisis, resteront-ils dans mon nez ?
Sans odorat pendant des semaines (et peut-être pour toujours), s’alimenter risque d’être bien triste et monotone. Le parfum des choses, au-delà d’un plaisir préliminaire et d’une fabuleuse mise en appétit, est une information indispensable au goût. En espérant, bien sûr, déjà survivre, et en pensant à ceux qui ont moins de chance que moi, je me souviens des paniers vapeur chinois qui emplissaient les rues de Langzhong de douces effluves de ciboule, de porc, de gingembre, de pâte cuite et d’huile de sésame. Et du vinaigre de riz noir local qui en faisait un délice.
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Si vous aussi vous avez perdu l’odorat, je vous invite à partager votre expérience dans les commentaires… Si vous avez ce type de symptômes, je vous conseille par ailleurs de voir un médecin généraliste par téléconsultation, ça marche très bien et vous éviterez de contaminer des gens en sortant. Enfin, sachez que si l’on ignore encore comment marche ce virus et ses effets à long terme sur le système nerveux, il semble possible de retrouver l’odorat en quelques semaines – mais il faut pour cela l’encourager et le rééduquer. Reniflez donc tout ce qui est odorant chez vous quotidiennement pour stimuler tout ça, c’est ce que m’a recommandé mon médecin !
Bonjour Camille et bienvenue au club… de mon côté cela fera bientôt 2 semaines. Mais contrairement à toi, je m’en suis rendue compte en buvant mon café du matin… et que je me suis demandée depuis quand il était si amer et si désagréable à boire… Aujourd’hui cela va un peu mieux, mais j’ai toujours autant de mal à distinguer toutes les subtilités, arômes de ce que je bois et mange. Et comme toi, le plus compliqué a été de gérer cela pendant la préparation des repas : on a l’oeil, l’ouïe, mais l’odeur, elle est essentielle et j’étais vraiment perdue au point d’avoir des doutes sur la saveur qu’allait avoir mon plat ! A table, je demandais à table à ma petite famille « ça va c’est bon? » qui me répondait, toute désolée, « oui c’est très bon maman, mais c’est trop triste pour toi! » J’ai fait du kimchi et impossible de savoir où il en était de sa fermentation, j’ai dû faire appel à mes petites expertes de la maison ! Ceci dit, j’espère vraiment que je vais les retrouver… même si cela prend un peu de temps, j’ignorais que cela pouvait être définitif… sans odorat sans goût, la vie n’a vraiment aucune saveur… Merci en tout cas pour ton témoignage et ton analyse si fine de ton ressenti 🙂 bon courage pour la suite !
Merci à toi Lynda, c’est important de partager ce vécu !
Ton expérience m’est précieuse, je me sens moins seule et je trouve ça intéressant de voir ce qui manque à chacun, ce que cela change au quotidien… Et puis on besoin de se rassurer ; perdre un sens c’est assez perturbant et, même s’il n’y a rien de « grave », c’est bien déprimant. Beaucoup d’études semblent encourageantes, il paraît que l’odorat revient dans la plupart des cas. En revanche je n’ai pas trouvé d’infos précises sur le pourcentage, ni l’échelle de temps. Bon courage à toi, et j’espère que tu retrouveras vite tous tes plaisirs olfactifs !
Bonjour Camille,
Malheureusement je fais partie du même club depuis plus d’un mois. Un matin au réveil en prenant ma douche comme toi, plus d’odeur … ensuite j’ai voulu passer au ptit déjeuner et rien , pas de goût ! 🙁 Ma première pensée me disait que je tombais peut-être malade …? Mais hélas non, pas d’autres symptômes de maladie … que ça !
Pour moi gros handicap pour mon lieu de travail je suis en parfumerie … c’est frustrant ! Et comme tu dis j’ai consulté un médecin qui m’a dit la même de forcer et vouloir retrouver les odeurs, du coup je plonge mon nez dans la bouteille de lessive, du shampooing, du gel douche et je me parfume beaucoup dans la journée, afin d’y arriver. On perd le plaisir de beaucoup de choses sans odorat et sans goût, moi j’étais perdu . Aujourd’hui je commence seulement à sentir un minimum de goût et les odeurs … on verra si je reprends à 100%, mais rien qu’à 20% je revis ! Bon courage à tous 🙂
Bonjour Perrin,
Merci pour ce témoignage, ça doit effectivement être l’horreur quand on travaille en parfumerie… Et un mois, c’est déjà long ! Hihi, moi aussi je vais chercher l’odeur dans la bouteille de lessive en y trempant presque le nez, j’essaie avec toutes sortes de trucs : le vinaigre balsamique, le produit vaisselle, les crèmes en tous genres… Je m’approche tellement que je me repeins le bout du nez une fois sur deux 🙂
Bon, 20% c’est déjà encourageant, j’espère que ça va continuer dans ce sens ! Bonne rééducation et j’espère que tout vous reviendra au plus vite !
Merci beaucoup pour la description de cette perte et son ressenti.
J’ai perdu l’odorat voilà 10 jours et pour moi qui aime bien cuisiner et sentir un peu tout c’est très destabilisant. Je n’arrête pas de faire renifler tout ce que je prépare à mon mari qui lui n’a pas été affecté. J’ai bien gardé les sensations d’amertume/salé/sucré mais tout le reste est neutre.
Ce matin il m’a semblé que cela revenait un petit peu, j’ai réussi à sentir dans la narine gauche (?) des odeurs un peu fortes (huile essentielle de tea tree/poivre) ce qui semble bon signe.
A noter que nous sommes 3 sur 4 atteints dans la famille.
Courage!
Courage à vous et toute votre famille Pascale !
Intéressant cette latéralisation des sensations…J’espère que tout coeur que c’est le début du retour de votre odorat !
Je vous souhaite à toutes, Camille, Lynda, Pascale, bien du courage… Se retrouver ici, sur un blog culinaire, on imagine bien que ce qui vous arrive doit être assez difficile.
Ça me rappelle le film « Perfect Sense » où un virus, si je me rappelle bien, fait perdre un à un les sens à tout le monde… Un chef cuisinier, commence par travailler les textures lorsque plus personne n’a de goût !
Cela peut-être une expérience intéressante (essayons d’être positifs). Peut-être pouvez vous imaginer des mille-feuilles de textures ? C’est peut-être le moment de faire des chips (texture + salé) ou des chicharones (texture + salé + sensation de gras) !
Pour ma part, j’ai été malade, sans perte de goût… du coup je ne sais pas si c’était le covid19… Mais tout le monde ici va bien.
Vivement la fin de ce merdier !
Il faudra que je regarde ce film ! Et oui, les textures sont ma grande consolation du moment. Autre petite consolation : j’ai tout fait cramer à midi, et ce n’était pas grave, je ne l’ai absolument pas senti !
Attention, si ce film a un concept intéressant et d’actualité… je ne le recommande pas particulièrement… (j’ai une réputation de cinéphile à maintenir !)
Attention à ce film en effet, il en est presque « violent » dans cette perte des sens. J’en avais été presque « bouleversée » quand je l’avais vu. Mais personnellement j’ai trouvé le concept du film, et le film en lui même intéressant.
Sinon bon courage à tous, en lisant l’article et les commentaires je me rends compte que ce doit être très dur cette perte de l’odorat.. Moi qui cuisine également beaucoup ça ne serait pas facile non plus ! Les commentaires ont l’air positif : l’odorat revient peu à peu au fil du temps. J’espère que tout le monde le retrouvera progressivement !
Merci Fanny !
Je souhaite aussi à tous ceux qui ont partagé leur expérience ici (ou par message privé) de vite retrouver leur odorat (et leur goût) et de profiter de tous les délicieux parfums du printemps et de l’été.
Merci et bon courage à tous !
Bonsoir Camille,
Je suis rassurée car pour ma part je m en suis rendue compte en ouvrant le cacao Van Hout….j étais très inquiète de ne rien sentir. Du coup j ai épluché des gousses d’ail : aucune odeur…C est très déstabilisant. Je n ai pas retrouvé tout mon odorat, ça reviens petit à petit.Bon courage.
Vous aussi Madi, et ravie que ça vous revienne petit à petit !
Eh bien, quelle aventure! Ton art de l’écriture nous fait partager finement tes perceptions de cette non perception!!
On t’embrasse fort en étant rassurée que tu cuisines (donc que tu es sur pieds un minimum ) avec ton malicieux humour
Cuisiner, c’est un bien grand mot. J’ai eu un bel élan de motivation avec le confinement et puis… pouf, c’est retombé à plat avec cette histoire d’odorat. Mais bien évidemment, je m’alimente. En espérant que tout va bien par chez vous !
Oui nous allons vraiment très bien, notre vieux cerisier nous fait l’hommage d’une floraison qui pète la forme
Alors………
Il y a 2 semaines en arrière pendant une nuit de boulot j’étais pris d’une ÉNORME et HORRIBLE fatigue suivie de frissons et courbatures.
J’ai pensé à un coup de fatigue sans m’inquiéter.
3 jours après je tombe enrhumé avec un ÉNORME 2e coup de fatigue sans symptômes.
Je traite directement avec un antigrippal au paracetamol ce qui fait que je ne tousse pas et n’ai pas le nez bouché.
Par contre sa fais 2 semaines et depuis les coups de fatigue que je n’ai plus d’odorat ni de goût. Je commence juste à les récupérer et à aller mieux dans mon état général.
Maintenant je m’aperçois que j’ai certainement choppé le COVID dans une forme bénigne tellement les symptômes sont étranges et je ne les ai jamais eu avant.
La c’est passé et je retrouve doucement les arômes
Par contre pas de fièvre.
Il est bizarroïde ce virus. Les symptômes sont vraiment variés d’une personne à l’autre. Certains n’ont pas de fièvre, d’autres ne toussent pas, certains ont le nez qui coule, d’autres pas du tout… Si tout le monde ne perd pas l’odorat, ça a l’air d’être un bon moyen d’identifier ce coronavirus car c’est un symptôme suffisamment rare et étrange pour sortir du lot – j’en parlerai en détail avec un généraliste demain, je lui demanderai s’il a statistiques à me donner…
Bonne rémission en tout cas et bon courage à vous Sylvain !
Heureux de voir un article sur le blog, j’ai vite déchanté en le lisant et en prenant conscience de l’impact qu’une perte d’odorat a sur nos vies.
Courage à toutes et tous affectés. J’espère de tout cœur que vous vous rétablirez pleinement et que vous pourrez célébrer le retour de votre odorat comme il se doit, dans une explosion de saveurs!
Bonjour Camille,
tout d’abord bon rétablissement !!! Un copain d’Annecy me décrivait hier cette perte subite et étrange d’odorat… Je passe à côté pour l’instant en Savoie mais…
Ce petit mot rapide pour vous dire combien j’apprécie de vous lire, sur votre blog et dans vos livres que j’offre régulièrement. Merci pour votre intelligence curieuse du monde !!!
J’essaye ces jours de creuser les ramens, les parties bouillon et chasu sont réalisées et je recherche de la lecture « fiable » sur les différents tare. J’ai donc pensé naturellement à vous !!! Si vous avez quelques idées, lien, recommandations, je suis preneur !
Très cordialement, Piotr.
Cher Piotr (j’adore ce prénom, et aussi son très joli diminutif Petia),
Merci pour vos gentils mots. J’espère que vous garderez votre odorat intact !
Si vous êtes branché nouilles en général, et pas seulement ramen, je vous recommande un excellent ouvrage très complet réalisé par Chihiro Masui, Minh-Tam Tran et Margot Zhang : Nouilles d’Asie. On y trouve des recettes du Japon, de Chine et du Vietnam, avec des nouilles de blé, de riz, de sarrasin… Des ramen donc, mais pas que. Je ne connais aucun bon ouvrage sur les ramen uniquement en France à ce jour, il va peut-être falloir que je m’y colle 😉
Bien à vous,
Camille
Bonjour Camille, J’en suis à 3 semaines! Pendant 3 jours perte complète d’odorat et de goût puis après grosse hyposmie + perte de goût ! Pour ma part l’odorat revient petit à petit mais très très très légèrement…je rééduque avec des huiles essentielles (menthe poivrée, thym, lavande, lemon grass)…au début je ne sentais que les odeurs citronnées…aujourd’hui je sens mieux diverses odeur (café, ail, oignon..les odeurs sont lointaines mais il y a du progrès). Il faut garder espoir! Curieux virus!
Wow, 3 semaines… C’est ce que m’a conseillé le médecin, les huiles essentielles. J’en ai quelques-unes à la maison, j’ai commencé à essayer. Le baume du tigre est pas mal aussi, dans le genre très odorant. C’est intéressant cette « préférence » du nez pour les odeurs citronnées ; autant je ne sens pas du tout les agrumes que j’ai à la maison, mais j’arrive un peu à détecter le poivre du Sichuan que j’ai rapporté de Chine, qui a une petite odeur d’agrume très fraîche et très puissante. J’espère que vous retrouverez vite toutes les nuances que vous avez perdues – une chose est sûre, on ne les tiendra plus jamais pour acquises !
Bonjour Piotr,
Je me permets d’intervenir car je me suis pas mal penché sur les Ramen (bouillon, nouilles, tare, œufs, chashu…).
Si vous lisez l’anglais, je vous conseille de plonger dans la source inépuisable d’un certain Mike Satinover (ou ramen_lord), un américain qui dédie sa vie à perfectionner ses Ramen.
Il publie toutes ses recettes sur Reddit (et les fait évoluer)…
Sinon comme ouvrage (toujours en anglais) il y a Ivan Ramen qui est assez complet, mais ne concerne que le Shio Tare (et une version « revisitée en plus)… mais d’après mes recherches, malheureusement, les autres livres sur le Ramen ne sont pas aussi pointus (bien que je ne les ai pas tous lus, bien sûr).
Bonnes explorations !
T. Tilash
bonjour, j’aie eu les premiers symptomes du virus il y a 3 semaine. ça a commencé par une toux puis bronchite sans gravité mais bon mal de crane. une semaine après, brutalement clouée au lit 3 jours, fièvre, pas faim, pas soif, grosse fatigue. Je n’ai plus de fièvre depuis 4 jours et la toux diminue progressivement. je me suis aperçu dans la première semaine que je ne sentais pas l’huile essentielle de lavande dans la baignoire ! puis quand je n’avais pas faim et que je me forçais à avaler quelques bouchées, ça n’avait pas de gout! maintenant je retrouve pas mal d’odeurs mais c’est vraie que c’est vexant car j’avais un excellent odorat, un bon sens du goût et m’en servait beaucoup. je ferais tout pour que ça revienne. J’aie lue que la perte d’odorat est lié à un manque de zinc, et qu’une cure trop longue de cuivre pouvait diminuer le taux le zinc. Or je porte depuis très longtemps un bracelet de cuivre contre les rhumatisme et j’avais déjà remarqué avant le virus que je sentais moins bien certaine odeurs… Donc, j’aie enlevé le bracelet et je me supplémente en zinc via des gélules de fenugrec ( on peux faire germer des graines aussi ) et je me régale tout les matins avec un oeuf à la coque de mes jolies petites poules en liberté dans le jardin ( riche en zinc …. voilà ! c’est une piste… bonne journée de printemps
Chère Camille,
Je n’ai rien vécu de tout cela. J’espère juste que tu vas bien et que tu as retrouvé ton odorat à l’heure qu’il est.
Prends soin de toi.
Chère Mingou,
Je pense justement beaucoup à toi ces derniers temps, je me demande comment tu vas, tout ça tout ça… Tu as donc eu droit au virus toi aussi ? Tant mieux si ton odorat est intact ! De mon côté ce n’est pas encore revenu, c’est LONG et j’en ai marre. Et je vais continuer par mail parce que je veux vraiment des nouvelles. Bisous !
En ce qui me concerne, j’ai perdu l’odorat il y a 10 ans suite a une chute sur la tête. J’avais retrouvé quelques mois plus tard l’odeur des aliacées, et un peu la bière, ce qui m’a rendu le plaisir de manger. Puis le covid est passé par là, et je suis devenue anosmique totalement.
Comment dire ? Je pense que je sombre doucement dans la dépression. Le peu que j’avais retrouvé me permettais de supporter le manque du reste, mais là…
Bonjour Dupland,
Cette maladie est terriblement déprimante en soi, mais votre histoire est particulièrement dure, j’espère pour vous que cela ne durera pas trop ! De mon côté c’est en partie revenu, mais pas totalement. J’ai gardé des réflexes absurdes : pour choisir mes melons, je les porte systématiquement à mon nez, mais l’odeur me paraît super lointaine et faible, je ne peux pas m’y fier… C’est encore une grande source de frustration, 4 mois et demi plus tard.
J’ai parlé avec différentes personnes qui ont perdu l’odorat à cause du Covid, et la plupart sont dans mon cas : ils ont partiellement retrouvé leur sens, mais pas totalement. Les odeurs leur paraissent plus faibles. Mais c’est déjà ça, et franchement ça change la vie ! J’ai retrouvé plaisir à manger, et j’ai pris conscience de l’importance de l’odorat au quotidien, que ce soit pour le plaisir ou pour le côté informatif et rassurant de la chose : les odeurs sont des signaux importants pour savoir si un aliment est comestible ou périmé, pour sentir un départ d’incendie, un aliment brûlé, ou même sa propre odeur (quand on est malade, ça se sent je trouve)… C’est un sens précieux.
J’espère sincèrement que vous retrouverez vite au moins les odeurs familières de l’ail et de la bière, et surtout la joie simple de pouvoir sentir quelque chose !
bonjour , je connais ce problème , mais pas lié au cv19 . mon odorat baisse parfois totalement , depuis des années , puis revient . je suis à peu près sûr que c’est lié au fait de vivre en ville , si j’arrive à m’oxygéner un peu , il revient à peu près . cependant , depuis cette année , je me suis rendu compte que je percevais le manque ou l’excès de sel dans une préparation , en cuisinant , le nez au dessus de la casserole . mais ce qui me tracasse le plus , c’est votre odorat , vous à qui je dois tant dans mon quotidien . je vous souhaite de retrouver vite et bien ce sens , inséparable des autres .
Bonjour Camille,
Effectivement je suis aussi passée par là… j’étais en train de me balader en forêt quand d’un coup j’ai réalisé que je ne percevait plus l’odeur de l’humus, des feuilles morte et de la terre mouillée, ces odeurs que j’aime tant en automne. Quand je suis rentrée chez moi le 1er truc que j’ai fait c’est de mettre le nez dans le jus de mon Bokashi (compost japonais) pour être sûre, et j’ai su, c’était perdu 🙁 J’étais terriblement triste, au point de me demander si je préférai pas quand j’avais la fièvre et les courbatures, et que je pouvais au moins me réconforter avec un délicieux bouillon.. là ça devenait dur d’avoir envie de cuisiner, de se nourrir. Mais comme je vis seule, fallait bien trouver une solution. J’avoue j’ai cherché en vain sur le net des blog, des sites, des chefs qui proposeraient des recettes pour les personnes souffrant d’agueusie et d’anosmie, mais je n’ai rien trouvé de probant, alors du coup et bien je me suis amusée. J’ai décidé d manger des trucs avec des textures particulières, de mettre ds ma bouche des choses dont le goût ne me plait habituellement pas mais dont la texture à l’air super chouette (les huîtres par exemple), j’ai mangé plein de choses gluantes, me suis gavée de natto, d’udon au curry, de tororo slimy, de desserts au tapioca, j’ai fait des mélanges improbables qui avaient l’air dégoutants mais qui, avec ma perception altérée, étaient plutôt rigolo à manger…. Bon heureusement ça n’a ps duré si longtemps (2semaines seulement, et j’en ai retrouvé une bonne partie aujourd’hui). Mais je me dit que ce serait une sacrée idée que de sortir un bouquin de recettes qui se penchent sur le sujet, mon ami anosmique de naissance qui aime tant faire la cuisine en serait ravi !
C’est exactement cela !
Pour cause de covid, j’ai également perdu l’odorat et le goût, mais pas vraiment tout.
Un peu comme écouter un orchestre et n’entendre que le triangle et quelques cordes de violons.
Déprimant.
Pour ma part, la première odeur à être revenue (hier !) a été le parmesan fraichement râpé sur un rizotto…
Sur un rizotto, important : la chaleur a semble-t-il joué un rôle car je n’ai rien senti en le râpant 10 minutes plus tôt.
Belle surprise ! Mais la perception était très légère. J’ai laissé mon nez collé jusqu’à saturation 🙂
Bon courage à tous !
Coucou,
C’est fou de lire autant d’expériences. J’ai eu le Covid avec beaucoup de symptômes différents. 3 mois plus tard, mon odorat n’est toujours pas revenu. Le médecin me dit que ce n’est pas possible d’avoir encore des symptômes du Covid (courbatures, points à la poitrine certains jours, grande fatigue) mais que pour l’odorat c’est normal mais il ne me l’explique pas. Il faut faire avec … je ne sens absolument rien et le tout ce n’est pas encore ça. Je ne me régale plus bien entendu… aucun plaisir à manger. C’est vraiment un virus très vicieux et intelligent ! Bon courage à tous et à toutes ☺️
Pardon Justine, il y a eu un bug sur mon ordinateur, j’étais sûre d’avoir publié votre commentaire il y a des mois ! Toutes mes excuses pour cette publication si tardive…
Tout d’abord merci pour votre site/blog que je viens de découvrir.
Vous décrivez les choses de manière si vivante qu’on si croirait, qu’on voyage par les mots, les sensations, …
Concernant l’anosmie et l’agueusie liés aux COVID-19, il est indispensable de se réduquer afin de reconstituer les cellules nerveuses permttant ces 2 sens, qui sont parfois détruites par la maladie (peut-être en protection pour empêcher le virus de contaminer le cerveau). La rééducation passe par les odeurs, mais pas que, il faut utiliser tous ses sens pour que le cerveau reconstitue ses connexions : la vue, le toucher, mais aussi lire le mot qui correspond à l’odeur en même temps…
Des spécialistes explique ça très bien :
https://www.mediterranee-infection.com/jai-perdu-le-gout-et-lodorat-concretement-que-faire/
Pour la lecture, à vous lire, j’ai pensé à « Le Parfum » de Patrick Süskin… J’avais dévoré ce bouquin à l’époque…
Bon courage à toutes celles et ceux si durement touchés par ce virus. Bon et prompt rétablissement.
Je tiens à vous remercie pour votre témoignage. J’espère que depuis votre situation s’est améliorée.
J’aimerais aussi vous féliciter pour votre site qui procure une grande satisfaction et une envie de cuisiner tant de chose.
J’ai bien vu que la rédaction de cet article date d’un an, mais je me suis dit que mon témoignage pourrait peut être intéresser certains visiteurs qui, comme moi, découvre ce site tardivement. Je suis atteinte d’anosmie depuis ma naissance. N’avoir jamais savourer les subtilité que vous évoquer simplifie peut être cette perte pour moi. Je ne peux pas vraiment regretter ce que je n’ai jamais connu.
Pourtant je suis une gourmande. J’adore cuisiner et j’aime également beaucoup manger. J’ai juste besoin d’un peu d’aide pour assaisonner mais en dehors de cela je m’en sort plutôt bien. Mes proches sont en tout cas ravie que je me mette à l’ouvrage pour eux et ma cuisine à bonne réputation. Des collègues me demande souvent conseils. Surprenant n’est ce pas. Bien sur mes capacités ont leurs limites. Je ne serais jamais une exploratrice du goût tel.le certain.e.s de nos grand.e.s chef.fe.s qui découvre régulièrement de nouvelles saveurs ou associations surprenantes et dépaysante.
Forte de mon expérience d’anosmique (ce mot n’existe pas ? Que diable !) j’ai quelque modestes astuces à donner à ceux qui se retrouve soudainement sans odorat :
– Je trouve mes plaisirs dans les saveurs fortes. Je dévore par exemple les fromages les plus douteux dès le petit déjeuner. Le soumaintrain par exemple est une merveille. Vous n’avez pas besoin d’en arriver là bien sur mais si vous avez longuement hésité à tester quelques ingrédients trop puissants à votre goût c’est le moment de vous y risquer.
– J’aime aussi varier les goûts. Je mange salé mais avec une boisson sucrée pour renforcer les contrastes. Ou l’inverse. J’évite par contre l’amertume qui dévore tout sur son passage et donne au café et à la plupart des salades la saveur atroce du doliprane en cachet. L’épicé peut aussi être un piège. Le piment brûle simplement sans ajouter de saveur particulière. Le poivre est chaud mais peu agréable.
– Les textures sont souvent primordiales. C’est l’occasion d’explorer cet aspect de la cuisine parfois oublié. J’aime particulièrement les ingrédient ludique à décortiquer comme les fruits de mer, les artichauts, les champignon que j’épluche avec volupté.
– L’umami est votre ami! Nous sommes peu habitué en France à en explorer les subtilités. Mais d’après mon ORL (on est pas loin du témoignage du cousin de mon voisin mais il faudra s’en contenter pour le moment car je ne connais pas d’étude sur le sujet) l’umami est plus facilement détecté par les personnes atteintes d’anosmie en raison de la disparition de nombreuses autres informations. Certains aliment me mettent en joie par leur incroyable puissance aromatique pour mon palais peu développé. Les tomates sont par exemple une merveille incroyable et j’en cultive d’ailleurs une trentaine de variétés. J’apprécie également les produits marinés, les vinaigres, les fermentations bien salées.
Mon goût semble plus développé que ce que je retire des témoignages de personnes ayant perdu l’odorat récemment. La plasticité du cerveau commence souvent la perte d’un sens et je pense en avoir bénéficié. Même si votre odorat ne revient jamais, ce que je ne souhaite à personne, il y a encore une place pour vous dans le monde merveilleux de la cuisine. Une voie différentes avec ses plaisirs atypiques et ses déceptions parfois. Mais un chemin que je me plains à parcourir depuis de longues années et qui je l’espère vous apportera vous aussi ces plaisirs.
Merci Nolwenn pour ce témoignage, c’est passionnant !
Effectivement, cela doit être très différent quand on n’a jamais eu l’odeur, et je me demande comment vous percevez certaines choses. Tiens, une question très bête : quel est votre aliment/plat favori et pourquoi ? Avez-vous des goûts « classiques » (aimer le chocolat, ne pas aimer le chou-fleur) ou au contraire êtes-vous une originale grâce à votre perception particulière (en dehors des fromages ultra-violents) ? Vous dites que vous ne supportez pas bien l’amertume, ce qui est très répandu chez la plupart des gens, mais que pensez-vous par exemple de l’ail ou des oignons crus ? Des anchois ? Est-ce la vue des aliments qui vous met en appétit (pour la plupart des gens, c’est surtout en sentant certaines odeurs qu’on salive), ou autre chose ? Percevez-vous la moindre différence entre un yaourt sucré et un yaourt sucré à la vanille ? J’imagine que vous devez être attentive à des choses que nous ne relevons même pas, et inversement…
En ce qui concerne ce billet de blog, j’écrivais à l’époque sous le coup de la frustration mais je me suis peu à peu habituée à mon odorat disparu, j’ai trouvé d’autres repères rassurants et je l’ai beaucoup mieux vécu en faisant instinctivement certaines des choses que vous décrivez… Les goûts forts, oui ! Le très sucré et très salé ensemble ! L’umami à fond les ballons ! Et bien sûr, la joie des textures… Manger est redevenu une expérience intéressante, et j’étais en pleine découverte, tout semblait soudain nouveau sous ce nouvel angle sans odeur. Plus que tout autre chose, quand on perd brutalement un sens, on a la trouille, et c’est comme une amputation : on se sent touché dans son identité, ce qui est très violent. Mais passé ce stade de colère et de deuil, on accepte la situation et on cherche des moyens de la rendre supportable, confortable, voire amusante. Je suis ainsi devenue mon propre cobaye.
Mon odorat est peu à peu revenu timidement (ça a pris des mois et l’évolution était subtile). Au début c’était toujours très faible, puis j’ai passé un cap au bout de 8 ou 9 mois. D’un coup la cuisine me paraissait presque trop riche en informations, comme si on ajoutait tout une dimension supplémentaire. Puis il a disparu à nouveau, et le goût avec cette fois. C’était encore plus bizarre et violent (et terrifiant). Puis il est revenu déformé (la paranosmie et paragueusie combinées étant l’expérience sensorielle la plus déplaisante que j’aie connue à ce jour). Tout sentait le pourri, ou la rouille, tout avait un goût de métal et d’eau croupie, j’avais la nausée en permanence. Mais j’en ai profité pour jouer les cobayes encore et goûter à tout avec l’odorat et le goût devenus fous. Les bananes étaient devenues pure astringence. Tout était infâme. Seules les oranges me paraissaient avoir gardé un goût familier. Et l’eau… L’eau avait un goût de sucre. Elle était douce et merveilleuse.
J’ai maintenant l’impression que tout commence à rentrer dans l’ordre depuis quelques semaines. Je ne regrette pas cette expérience qui a été complètement fascinante. Quel monde étrange que notre cerveau ! On verra s’il y a un autre épisode à suivre ou si je reste stable désormais…
Bonjour. Je vous remercie pour votre réponse.
Je suis navrée que vous soyez passé par des étapes aussi désagréable. La paragneusie à l’air particulièrement terrifiante. Mais vous semblez en avoir tirer des connaissances et des expériences intéressantes. Envisagez vous de reprendre ce blog pour y relater plus précisément ces périodes ? Ce serait assurément fascinant.
Pour répondre à vos questions il semblerez que mes goûts soient assez classique par rapport à notre société : trop gras, trop sucré, trop salé. Je suis souvent dubitative devant les légumes, à moins de les recouvrir de fromage ou de sauce d’huître. Je les préfère crus car ils ont alors le mérite de ne pas avoir une texture de purée d’éponge douceâtre. J’apprécie donc les plus croquant et sucré : poivrons rouges, tomates comme dit précédemment, carotte, châtaigne d’eau (introuvable chez moi) et radis blanc asiatique (au moins il ne pique pas comme ses cousins européens).
L’aspect visuel à une grande importance. C’est uniquement parce que je les trouve jolie que j’apprécie les champignons (dont je ne sens pas vraiment le goût), les pousse de soja et les choux romanesco. Pour la même raison j’ai tendance à mettre des graines de sésame et de la ciboulette à fleur (quand j’en trouve) partout.
Je supporte difficilement l’ail et l’oignon crus car je les trouve très piquant. Mais j’aime bien l’ail en grains déshydratés (pourtant bien piquant), les oignons frits ou confit. Et à petite dose dans un plat ils rendent les aliment plus savoureux même si je ne saurais expliquer pourquoi. Le plat est meilleurs tout simplement.
Le goût des anchois est plaisant mais je n’apprécie ni leur sécheresse après un passage au fur, ni leur aspect huileux sortie de la boîte ne leur arrêtes fines mais coriaces.
Mon plat préféré est la tartiflette : les pommes de terre ne doivent pas être trop ferme, les oignons doivent revenir dans la graisse du lard grillé. Mais de manière générale j’ai des « passion » alimentaire, des périodes. Il y a quelques années je buvait un litre de lait par jour accompagné de quantité inquiétante de cornichon. Je me demande encore comment mon estomac à supporté un tel traitement. Puis il y a eu les brioches vapeur, les fleurs de violette, de primevère et d’hemerocalles, les grenades, les canneberges, Le Bris de Melun, les roesties industriels, le coeur de boeuf et récemment le pomelo (pourtant amer mais à la texture si delectable).
Et effectivement mon goût est parfois paresseux. Je ferais la differences entre un yaourt sucré et un sucré vanillé, mais je ne saurais pas expliquer cette difference. Je ne fais aussi que très peu de différences entre les infusions qui semblent toutes avoir la même saveur de foin. J’exècre également nombre d’herbes aromatiques qui n’apportent pour moi aucune saveur mais une texture sèche et « gratouilleuse » de végétaux desséchés. La garantie de gâcher une côté de boeuf au barbecue ou une salade de tomates, deux aliment qui se suffisent à eux seul.
Merci Nolwenn !
C’est la première fois que j’ai l’occasion d’avoir des réponses aussi précises et intéressantes sur l’anosmie – certes personnelles, j’imagine qu’il y a autant de perceptions et de préférences que d’individus, mais cela donne envie de creuser le sujet. Vous en parlez très bien et j’apprécie que vous acceptiez de partager tout va avec les lecteurs de ce blog.
De mon côté j’aurais aimé pouvoir raconter en détail la phase paranosmie/paragueusie à l’époque sur ce blog, mais j’étais sous l’effet général du covid long et j’étais incapable de faire quoi que ce soit : cerveau en bouillie, fatigue intense, migraine permanente et symptômes plus bizarres les uns que les autres. On se sent mal comme si on avait une horrible gueule de bois, avec en plus une sensation similaire à celle du décalage horaire et un malaise physique général comparable à ce qu’on ressent après un gros choc (ça m’a rappelé les deux fois où je me suis fait percuter par une voiture, sauf qu’au final j’ai préféré me faire percuter, on se remet des fractures bien plus vite).
Maintenant je ne me souviens plus de tout (le covid attaque également la mémoire), et j’ai beaucoup de travail à rattraper après avoir passé un an dans les choux ! En revanche j’ai participé à plusieurs études scientifiques sur la perte d’odorat et de goût liées au covid avec plaisir, j’avais envie que mon expérience serve à quelque chose.
Merci Nolwenn !
C’est la première fois que j’ai l’occasion d’avoir des réponses aussi précises et intéressantes sur l’anosmie – certes personnelles, j’imagine qu’il y a autant de perceptions et de préférences que d’individus, mais cela donne envie de creuser le sujet. Vous en parlez très bien et j’apprécie que vous acceptiez de partager tout cela avec les lecteurs de ce blog.
De mon côté j’aurais aimé pouvoir raconter en détail la phase paranosmie/paragueusie à l’époque sur ce blog, mais j’étais sous l’effet général du covid long et j’étais incapable de faire quoi que ce soit : cerveau en bouillie, fatigue intense, migraine permanente et symptômes plus bizarres les uns que les autres. On se sent mal comme si on avait une horrible gueule de bois, avec en plus une sensation similaire à celle du décalage horaire et un malaise physique général comparable à ce qu’on ressent après un gros choc (ça m’a rappelé les deux fois où je me suis fait percuter par une voiture, sauf qu’au final j’ai préféré me faire percuter, on se remet des fractures bien plus vite).
Maintenant je ne me souviens plus de tout (le covid attaque également la mémoire), et j’ai beaucoup de travail à rattraper après avoir passé un an dans les choux ! En revanche j’ai participé à plusieurs études scientifiques sur la perte d’odorat et de goût liées au covid avec plaisir, j’avais envie que mon expérience serve à quelque chose.
Salut tout le monde. Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule. J’ai commencé à avoir le nez bouché. Ça ne m’a pas plus alarmé car je souffre d’allergie chaque printemps. Sauf que 2 jours après bim au repas du soir altération du goût. Je sentais beaucoup moins les saveurs.
Et petit à petit ça c’est dégradé et maintenant plus de goût ni dodorat.
C’est tellement déroutant c’est la qu’on se rend compte que le goût et l’odorat font du bien au moral. Cela ne fait que 5 jours mais j’en est déjà marre mdr.
Du coup évidemment positive au covid moi qui faisait mega attentation va savoir.
En tout cas j’espère que ça ne va pas durer longtemps. J’essai de rééduquer mon cerveau en reniflant tout et en exagérant le fait de mâcher.
Par contre comme toi Camille je sens que c’est sale sucre amer ou acide. Vraiment bizarre.
J’espère que ça ira pour tout le monde. A bientôt
Tout d’abords je suis navrée de vous répondre avec autant de retard.
Ensuite je suis ravie que mon témoignage vous semble instructif ou, à défaut, intéressant.
En effet il a parfois été difficile d’être crue, en particulier par le monde médicale. Le premier ORL que j’ai contacté m’a ri au nez avant de me demander de sortir car mon cas n’avait aucune importance à ces yeux. Il est vrai qu’il y a plus gênant au quotidien qu’une absence d’odorat. Cela n’empêche pas d’interagir avec les autres humains, ne met pas gravement en danger et n’est pas douloureux. Mais le désintérêt de la société et du milieu médicale m’a parfois pesé.
Les études auxquelles vous avez participées m’intéressent donc forcement beaucoup. En effet l’anosmie était encore récemment peu étudiée et peu considérée. J’espère que les nouvelles recherches qui se développent avec l’augmentation du taux d’anosmie dans la population déboucheront sur des solutions pour résoudre ce problème. Après tout on arrive bien à redonner la vue ou l’ouïe dans certain cas. Je pourrais peut être un jour sentir.
Enfin j’espère que votre état continuera à s’améliorer. La description que vous faites des effets de la covid sont terrifiant et je ne peux que compatir à la souffrance que vous avez ressentie. Et j’espère que les gens continueront à ouvrir les yeux en lisant des témoignages comme le vôtre.
Prenez soin de vous. A bientôt.
Merci Nolwenn.
C’est fou que l’anosmie soit si peu étudiée… Certes, l’odorat n’est pas un sens vital mais il reste important dans notre lecture du monde (je me suis rendu compte à quel point en le perdant, je n’en prenais pas du tout la mesure) et l’attitude de certains médecins vis-à-vis de vous est carrément choquante. C’est malheureusement assez classique, surtout chez les jeunes femmes : les médecins (hommes ou femmes d’ailleurs) ont tendance à moins croire les femmes que les hommes quand elles rapportent de la douleur, un trouble physique ou quelque chose de rare. Et elles ont tendance à ne pas oser contredire un médecin qui refuse de comprendre… Ce biais médical est un problème dont nous sommes de plus en plus conscients aujourd’hui, mais qui est loin d’être résolu. Il est pourtant urgent de le corriger pour éviter que certaines populations redoutent de consulter, ou n’en voient pas l’intérêt !
J’espère sincèrement que l’anosmie va continuer à être étudiée et comprise, et que vous n’aurez plus jamais à vivre ce type d’expérience chez le médecin !
Et 3 mois plus tard, est-ce que votre état c’est encore amélioré?
Les médecins n’aiment pas reconnaître qu’ils ne savent pas quelque chose.
Ils préfèrent faire une pirouette, éclater de rire pour passer à autre chose.
Ceci dit, il est à parier que plus de médecins s’intéressent à l’anosmie actuellement.
Soit parce qu’ils sont directement concernés, soit parce qu’un de leurs proches est concerné, soit parce que de nombre de leurs patients ont eu ce problème.
Après, ce n’est pas parce qu’on comprend ce qui amène à l’anosmie que l’on a un traitement efficace.
Il faut parfois des années ou beaucoup plus pour trouver la solution la plus intéressante.
Surtout, n’allez pas croire que je reviens sur votre site en étant désintéressé.
Alors, comment ça va ?
🙂
Bonjour Marc,
Pour vous donner une chronologie complète, j’ai souffert d’un Covid long pendant 10 mois, de mars 2020 à janvier 2021, avec, entre autres, un odorat qui va et vient, passant d’inexistant à rudimentaire, presque correct ou totalement déformé. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir tout retrouvé sauf ma mémoire, encore un peu chancelante par moments, et mon odorat n’est toujours pas parfait mais il est fonctionnel ! Je n’arrive pas trop à savoir s’il est stable ou non pour l’instant. En tout cas je détecte les odeurs, mais elles me paraissent bien plus faibles qu’auparavant, comme si elles étaient toujours « diluées »… Et le goût en pâtit forcément. Mais la disparition du reste des symptômes du Covid long, bien plus handicapants, est un soulagement qui compense largement cette petite perte d’odorat !
Bonjour Camille,
Content de savoir que vous allez de mieux en mieux.
Puisqu’il vous faut stimuler votre sens du goût, avez vous déjà essayé de cuire de la pâte avec de la dextrine?
Vous connaissez déjà ce produit : il se forme dans la croûte du pain, lors de la cuisson. C’est ce qui lui donne son goût et sa couleur. On en trouve aussi sur les pommes de terre dorées.
Pour en fabriquer il existe plusieurs procédés. Le plus simple c’est de chauffer de la farine à 160°C dans une poêle.
Je viens d’essayer avec une pâte à pizza.
1/3 de farine de blé, T45, a été transformée en dextrine.
Verdict : la pâte est plus colorée, plus goûteuse. On dirait une pâte à pain…
C’est différent de votre fameux Tang zhong…
😉
Bonjour Marc,
Merci pour l’astuce 🙂
il faudra que j’essaie, mais j’avoue que je n’ai plus trop envie de cuisiner : j’ai reperdu l’odorat et le goût il y a quelques semaines. Je pensais avoir attrapé le covid à nouveau (bien que vaccinée), mais non, j’ai juste refait un épisode de covid long avec les migraines et tout le reste, comme avant. Les symptômes se sont dissipés mais l’odorat ne revient pas…. Marre de ce virus pourri.
Bonjour,
Ayant vecu la meme chose que vous je vous partage la solution qui m a ete donnee pour retrouver l odorat et le gout : mon ostheopathe!
Je lui ai parle de cela lors d une seance pour un tout autre probleme. Il m a parle des merfs autour du nez qui s irritent avec la covid, a tripote autour de la zone et… oh miracle… je retrouvais l odorat sur le coup!
Bon, au depart tout sentait un peu le vinaigre, mais apres qqs jours tout est revenu a la normal. C est un ostheo base a Nice ou je vis desormais. Au cas ou, j espere que cela vous aidera!
Bonjour Camille,
Je vous souhaite, de nouveau, un prompt rétablissement.
C’est peut-être l’occasion de déguster un durian sans odeur ?
Une petite précision, pour vos lecteurs, à propos de la dextrine : ce serait une sorte de glucide (je ne suis pas chimiste…)
Ahahah oui, j’ai fait ça à un moment : manger tout ce que je n’aime pas trop tant que je ne sens rien, pour voir l’effet que ça me fait… On peut voir le verre à moitié vide en se disant que rien n’est bon sans odorat, mais rien n’est mauvais non plus !
Bonjour j’ai vu le covit moi aussi je me retrouve confronté à la perte de du goût et de l’odorat tout ce que je mange où que je bois ressemble pratiquement à la même chose quand je mange du chocolat j’ai l’impression que le chocolat est 10 fois plus sucré que le chocolat normal quand je mange un plat salé je ne sens pas le goût du plat salé mais beaucoup plus du sel quand je bois une boisson chaude j’ai l’impression de boire que de l’eau chaude tout le temps il m’arrive aussi que dans les plats ça ressemble à de l’eau chaude m’accompagne me fait sentir plusieurs parfums différents malheureusement tout ce que j’aime tous mes parfums centre le contraire de ce que j’aime c’est-à-dire ils ne sont pas bon du tout pourtant c’est les parfums que je m’étais avant le covit j’ai la même sensation j’ai une narine où j’ai l’impression de plus en avoir mais par contre les repasse et j’ai une autre narine ou par contre je sens mais je ne sont pas les odeurs qui sont attribuées aux aliments et à tous les objets qui m’entourent j’ai perdu le goût et l’odorat c’est difficile en ce moment j’ai l’impression de faire une dépression mais est-ce que c’est suite au covit vide je ne sais pas en tout cas voilà j’avais envie de partager avec vous ce que j’ai retrouvé au-dessus des textes qui ont été écrit pour l’instant ça fait 2 mois que je suis dans ce cas-là je n’ai toujours pas retrouvé ni le goût ni l’odorat il y en a qui m’ont dit que ça pouvait durer 6 mois non donc il me reste encore beaucoup de temps avant de retrouver mon dos Dora mais il est à ce qu’il paraît ça peut revenir assez vite quand ça doit revenir pour le moment j’ai plus qu’à patienter mais franchement les aliments l’odorat me manque mais d’un autre côté aussi j’ai remarqué une chose je n’avais plus faim du tout que je mange que simplement quand mon corps me réclame mon que ça me fait mal je n’ai plus faim du tout je peux me passer de manger toute la journée même le lendemain ça me fait rien du tout sauf que simplement quand j’ai mal au ventre voilà mon expérience avec le covit vide j’ai été déclaré covid bien après ma compagne qui elle se remet très vite qui a perdu le Dora quelques jours et moi par contre je n’ai pas eu les mêmes symptômes puisque jusqu’à aujourd’hui plus de deux mois après j’ai toujours pas retrouvé l’odorat voilà j’espère que mon expérience se retrouvera envers d’autres contactez-moi si vous voulez on pourra en parler merci à bientôt à tous
Bonjour Ashley,
J’aimerais avoir des mots encourageants mais c’est difficile de savoir ce que vont donner ces histoires d’odorat… De mon côté ça va faire deux ans. L’odorat est revenu (un peu), il est reparti, il est revenu déformé et puis… Il a disparu à nouveau. Plus rien ou presque depuis 6 mois. J’ai un peu perdu espoir de le retrouver. On peut quand même retrouver un certain plaisir à manger malgré tout, même si ce n’est pas pareil.
J’espère évidemment que ce ne sera pas votre cas et que vous retrouverez l’odorat, chaque personne réagit différemment ! Bon courage à vous.
Bonjour Camille,
Depuis le 3 avril, ni les asperges, ni les fraises – d’accord ce n’est pas la saison- ni les tendres navets du sauté d’agneau, ni les savoureuses oranges siciliennes, ni la sauce au sésame des légumes à la japonaise, pas plus que la crème au citron vert n’avaient de goût.
Ou plutôt en avaient de moins en moins.
J’ai plongé le nez sur une tranche de citron, dans le café moulu, mangé une noix. Rien (ou si peu).
Alors j’ai essayé un chewing-gum à la menthe, très fort.
Et j’ai compris.
D’ailleurs mon test était positif depuis le 30 mars.
Je me suis souvenue en 2020, cherchant votre livre sur le Tofu, d’avoir appris que vous aviez les méchants symptômes du Coronavirus, dont ceux si handicapants pour LA blogueuse d’éthno-gastronomie que vous êtes.
J’ai recraché mon chewing-gum et ai cliqué sur « Coronavirus, manger sans odorat ».
Votre texte est un trésor d’observations pour les chercheurs et un espoir plein d’empathie pour tous les tristes hyposmiques ou anosmiques provisoires ou de longue durée, qui ont partagé leur expérience de perte « du goût des choses » sur votre blog.
Vous avez su transformer du plomb en or…
Sur votre conseil et comme étant un peu patraque, je ne poste rien de très bon à manger…sur mon blog, je vais essayer de noter ce qui se passe à l’instant où une quelconque nourriture va entrer dans ma bouche. Une toute nouvelle expérience de cuisinière souhaitant qu’elle soit courte.
Chère Camille, j’espère très sincèrement que depuis le 9 février vous allez un peu mieux.
Merci de tout cœur pour ce merveilleux « Manger » que j’ai connu en cherchant les kakis du Japon en 2014. Vous êtes pour moi LA référence.
Comme est pour moi le livre de cuisine d’Alice Toklas (1954), l’amie et cuisinière de Gertrude Stein.
À défaut de la goûter, lire de la cuisine, ça change les idées.
Merci Irène, je suis tellement touchée par ce message !
Bienvenue dans le monde des anosmiques, nous formons désormais un club gigantesque ! Heureusement, la plupart d’entre nous ne font qu’y transiter avant de reprendre leur vie olfactive là où ils l’avaient laissée. C’est ce que je vous souhaite de tout coeur. Si ce passage est difficile, on en sort en chérissant ce sens dont on n’avait jamais vraiment saisi l’importance et la portée. Et pour les plus chanceux, on a le privilège de redécouvrir chaque aliment – parfois exactement comme avant, parfois un peu différent, ce qui peut mener à apprécier des choses que l’on n’aimait pas. Je me suis mise à aimer le vin, par exemple. En revanche, les choux de Bruxelles restent dans le camp ennemi.
Comme vous me demandez une petite mise à jour, plus de deux ans plus tard, j’ai enfin retrouvé la forme après des hauts et des bas, et cette fois ça a l’air d’être pour de vrai – mais ne nous emballons pas, c’est récent. J’ai à nouveau l’impression d’habiter mon corps et non celui d’une étrangère à moitié sénile, qui a du mal à tenir debout et qui perd ses cheveux. Côté odorat, je ne pense pas avoir tout retrouvé, loin de là, mais c’est en partie revenu alors que je n’y croyais plus ! Cela me suffit ; je me suis habituée à tellement pire que je me contente de sensations moins fortes.
La semaine dernière, j’étais en Savoie pour visiter des caves à fromages. Le peu d’odorat que j’ai était largement suffisant pour me faire jubiler. J’espère que vous aussi, vous retrouverez bientôt avec délice, même diminués, les merveilleux parfums des noix, des asperges et des fraises. Si vous avez l’occasion d’en trouver, humez donc la croûte d’une tome des Bauges (c’est la seule tomme qu’on écrit « tome », ils y tiennent). Vous m’en direz des nouvelles…