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Japon · Reportages

Hinamatsuri, la fête des filles

Le repas de Hinamatsuri © Camille Oger
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Hinamatsuri au Japon, c’est la fête des poupées et la fête des filles. On la célèbre le 3 mars, en mangeant toutes sortes de jolies choses aux couleurs printanières. Du sushi éparpillé aux pâtisseries pastel, le repas d’Hinamatsuri est joli, mignon, rose bonbon, et les Japonais s’en donnent à coeur-joie, pas question de louper ça.

Si vous vous baladez au Japon le 3 mars, vous verrez sans doute des estrades rouges à étages couvertes de poupées très chic dans les gares, les rues, les magasins, chez les gens, etc. C’est normal. Ce jour-là, on expose traditionnellement des poupées ornementales appelées hina-ningyō / 雛人形 et représentant l’empereur, l’impératrice et toute la cour de l’époque Heian (794-1185).

Poupées exposées pour Hinamatsuri ou hina-ningyō © Camille Oger

Poupées exposées pour Hinamatsuri ou hina-ningyō © Camille Oger

Dans certains cas, les collections de poupées sont modestes. Dans d’autres, comme ci-dessus à la gare de Kainan, c’est bien plus impressionnant. Et évidemment, les poupées sont placées selon des codes extrêmement précis et différents selon les régions, c’est tout un art. Si les poupées sont exposées dès le mois de février, on les range généralement à la fin de la journée du 3 mars ou le lendemain matin, car si on les laisse au-delà du 4, les filles de la famille fautive risquent un mariage tardif.

Poupées hantées, poupées brûlées

Elles sont un peu ambivalentes ces poupées. On croyait autrefois qu’elles renfermaient des mauvais esprits. On les laissait dériver sur des bateaux pour qu’elles emportent ces esprits avec elles, une tradition appelée Hinanagashi / 雛流しou Nagashibina / 流し雛. Dans certains coins, cette pratique a toujours lieu. Mais comme les poupées balancées à la mer posent des problèmes, notamment pour les pêcheurs, elles sont souvent récupérées après avoir flotté un moment, puis brûlées au temple. Évidemment, on ne sacrifie pas de superbes pièces de collection – hors de prix – comme celles en photo, mais des poupées éphémères. 

Encore des poupées, et des symboles aussi © Camille Oger

Encore des poupées, et des symboles aussi © Camille Oger

Le 3 mars n’est pas seulement le jour des poupées, c’est aussi le jour des filles. Plutôt des petites filles qui sont fêtées par leur famille, même si des copines se rassemblent pour fêter Hinamatsuri entre elles, alors qu’elles ont 30 ans et ne sont plus des petites filles depuis un moment. Pour marquer le coup, on ne lésine pas sur le rose et les petites fleurs. Pour nous, ça fait très girly, mais pour les Japonais, ça fait aussi et surtout très printanier.

Du rose, du vert, du blanc

Il faut dire qu’au Japon, le printemps commence traditionnellement le 4 février pour se terminer le 5 mai, jour de la fête des garçons ; Hinamatsuri est donc en plein dedans et se doit de porter des couleurs et symboles printaniers. Comme c’est le début du printemps, pas de fleurs de cerisier à l’horizon : les fleurs qui servent d’ornement ce jour-là sont des fleurs de pêcher, d’un beau rose vif, dont la floraison a lieu plus tôt dans l’année.

À part exposer des poupées, la plupart des gens ne font pas grand-chose de particulier pour Hinamatsuri. Théoriquement, on est censé prier pour que les petites filles grandissent bien et restent en bonne santé, mais dans les faits, la principale activité, c’est de manger des petites choses assez spéciales. Le code couleur étant assez strict, vous remarquerez que tout à table est blanc, rose, vert ou les trois à la fois. Le jaune aussi est de la partie.

Chirashizushi, le sushi éparpillé

Du côté salé, on a un élément incontournable pour Hinamatsuri, le chirashizushi /ちらし寿司. Pour le Français moyen qui a l’habitude commander un « chirashi » au restaurant japonais, la vue de ce plat peut être déconcertante. Je vais vous expliquer tout ça.

Déjà, chirashi en japonais signifie « éparpillé ». Et le terme sushi est de rigueur quand le riz a été vinaigré. Bref, le chirashizushi (ou chirashi sushi), c’est un sushi éparpillé, d’où le fait qu’on serve les garnitures assez librement sur une couche de riz. Mais pour beaucoup de Français, un chirashi sushi ne ressemble pas à ça du tout : au restaurant, on nous sert généralement des tranches de poisson cru sur du riz – soit un poisson unique, soit un assortiment. En fait, ce type de chirashi sushi, c’est la version d’Edo, de Tokyo si vous préférez.

Chirashizushi ou chirashi sushi pour Hinamatsuri © Camille Oger

Chirashizushi ou chirashi sushi pour Hinamatsuri © Camille Oger

Dans le Kansai, le chirashizushi, qu’on appelle aussi barazushi / ばら寿司 ou gomokuzushi / 五目寿司 ne contient généralement pas de poisson cru mais des fruits de mer cuits, fumés ou fermentés et des légumes. Pour info, barazushi veut dire exactement la même chose, « sushi éparpillé », et gomokuzushi, ça veut grossièrement dire « sushi aux cinq garnitures », même si le chiffre cinq n’est pas nécessairement respecté.

Parmi les garnitures acceptables, il y a de nombreuses possibilités : anguille, crevettes cuites, racine de lotus vinaigrée, shiitake, œufs de saumon, pois gourmands, nori, ou encore de fines lamelles d’omelette qu’on appelle kinshi tamago / 錦糸卵. J’arrête la liste là, mais elle pourrait continuer longtemps. D’autant plus qu’on trouve des chirashizushi mélangeant du poisson cru en dés et des garnitures typiques du Kansai, comme celui en photo ci-dessus.

Temarizushi et crackers tout mimi

On sert aussi volontiers des temarizushi ou temari sushi / 手まり寿司, ces jolis sushi sphériques. Il sont en fait en forme de temari, des petites « balles à main » colorées. On offrait autrefois ces balles aux petites filles le 3 mars. Contrairement à d’autres formes de sushi, le temarizushi se fait à la maison. C’est un sushi familial, sans prétention, que les mamans confectionnent avec plaisir pour Hinamatsuri.

Temarizushi ou temari sushi et chirashizushi ou charishi sushi © Camille Oger

Temarizushi ou temari sushi et chirashizushi ou charishi sushi © Camille Oger

On trouve aussi parfois sur les tables des crackers de riz très fins appelés ebisenbei / 海老煎餅. Ils ne font partie du menu « officiel » mais sont tout indiqués car ils correspondent aux couleurs du jour, les crevettes donnant une couleur rose à certains, le wakame donnant du vert, et le riz donnant du blanc.

Ebisenbei de 5 sortes © Camille Oger

Ebisenbei de 5 sortes © Camille Oger

Du côté sucré également, il y a de quoi faire. Pour les amateurs de choses qui croquent et craquent, il y a des grains de riz soufflés et sucrés qu’on appelle hina arare / 雛あられ. Ils sont eux aussi aux couleurs du printemps.

Hina arare et fleurs de pêcher en plastique © Camille Oger

Hina arare et fleurs de pêcher en plastique © Camille Oger

Et pour les amateurs de choses qui ne croquent et craquent pas du tout, il y a des pâtisseries très tendres incontournables le jour de la fête des filles : le hishimochi / 菱餅, le sakuramochi / 桜餅 et l’ichigo daifuku / いちご大福.

Hishimochi, sakuramochi et ichigo daifuku

Le hishimochi, je ne l’ai pas en photo, mais le plat dans lequel sont servis les temarizushi et le chirashizushi plus haut y fait référence, et vous le retrouverez également parmi les poupées – jouez à « Où est Charlie » version hishimochi. Comme son nom l’indique, le hishimochi est un mochi, un « gâteau » de riz gluant. Il est présenté sous la forme d’un losange – ou un rhomboïde, si vous voulez vous la péter – composé de trois couches colorées : rose en haut, blanc au milieu et vert en bas. Dans certaines régions, on opte pour 5 ou 7 étages.

Le sakuramochi peut quant à lui prendre deux formes différentes selon la région : à Kyoto, c’est une sphère un peu aplatie faite de pâte au dōmyōji-ko / 道明寺粉 (du riz gluant séché et moulu grossièrement) et fourrée à la pâte de haricot rouge. À Tokyo, c’est une petite crêpe roulée autour d’un cylindre de pâte de haricot rouge. Dans les deux cas, le sakuramochi est enveloppé d’une feuille de cerisier fermentée. Vous trouverez ici la recette du sakuramochi de Tokyo. Sur la photo ci-dessous, ce sont des sakuramochi de Kyoto.

Sakuramochi de Kyoto, aux feuilles de cerisier, et ichigo daifuku, fourré à la fraise © Camille Oger

Sakuramochi de Kyoto, aux feuilles de cerisier, et ichigo daifuku, fourré à la fraise © Camille Oger

Enfin, l’ichigo daifuku est un mochi fourré à la pâte de haricot rouge avec, au centre, une fraise entière. Ce n’est pas le wagashi classique d’Hinamatsuri, mais c’est plein de textures différentes, c’est bien sucré et c’est à la fraise, donc les Japonais en mangent dès qu’ils peuvent. Et comme la fraise évoque le printemps, tout comme la couleur rose de l’ichigo daifuku, pas de problème pour en servir le 3 mars.

Autre intrus qui a trouvé sa place le 3 mars : le hanami dango / 花見団子. Là encore, il s’agit d’une sucrerie à base de riz, mais fourrée à rien du tout, et à la texture plus ferme, plus élastique que les mochi précédents. Comme son nom l’indique, le hanami dango se trouve surtout pour Hanami, mais toutes les occasions sont bonnes pour en manger en réalité, et Hinamatsuri s’y prête particulièrement.

Hanami dango, un peu un intrus mais pas trop quand même © Camille Oger

Hanami dango, un peu un intrus mais pas trop quand même © Camille Oger

Pour finir, un petit mot sur la boisson typique du jour : Hinamatsuri est le jour où l’on boit du shirozake / 白酒 par excellence, littéralement du « saké blanc ». C’est une boisson blanche, sucrée et épaisse à base de riz fermenté, de riz cuit à la vapeur et de shōchū. Elle peut contenir 10% d’alcool, mais ce taux est réduit à zéro si on le sert aux enfants, le but n’est pas de soûler les petites filles.

Bref, si vous vous trouvez au Japon le 3 mars, n’oubliez pas de profiter d’Hinamatsuri et des bonnes choses qu’on mange ce jour-là ; dans certains temples, vous pourrez même assister à Hinanagashi et voir les poupées partir à la mer ou dans les rivières. Si vous n’êtes pas au Japon, je vous donnerai vite de quoi vous consoler avec la recette des sakuramochi, histoire d’avoir un aperçu du printemps japonais à la maison.

Tags: mochiprintempssaisonsakurasushitemari sushi

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10 Comments

  1. claire dit :
    03/03/2016 à 20:20

    Merci de m’avoir fait voyager ce soir 🙂

    Répondre
    • Camille Oger dit :
      03/03/2016 à 20:37

      Avec plaisir !

      Répondre
  2. Patrick Cadour dit :
    04/03/2016 à 05:23

    Je ne t’imaginais pas du tout jouant à la poupée et croquant des machins aux couleurs girly-pastel, mais tu parviens quand même à me balader dans ce bel article, bien joué comme d’habitude ! J’attends la fête des garçons avec impatience maintenant.

    Ils sont bien les japonais, ils fêtent les enfants, mais ont-ils l’équivalent de nos fêtes des mères et des pères ? Bises.

    Répondre
    • Camille Oger dit :
      04/03/2016 à 13:01

      Oui, ils fêtent les pères et les mères, mais je ne crois pas que ce soit traditionnel, alors que pour les petites filles et les petits garçons, ça remonte très très loin.

      Ça m’a fait un peu bizarre de trier les photos de Hinamatsuri, effectivement, tout ce rose et ces poupées, ça ne me ressemble pas… J’avoue que le printemps japonais est un peu over the top pour moi, je préfère l’hiver là-bas, tout en sobriété et en douceur blanche. Ils ont un hiver moelleux.

      Répondre
  3. Olga dit :
    04/03/2016 à 09:51

    Article passionnant, merci!

    Concernant le chirashizushi, il me semble avoir dégusté un plat de ce genre à Tokyo, mais son autre particularité était le fait qu’il se dégustait en plusieurs étapes. Cru, puis on y rajoutait une sauce, et enfin on l’immergeait de bouillon.
    Peut-être que je confonds avec un autre plat? Connaissez-vous ce rituel de dégustation et comment cela pourrait s’appeler?

    Merci,
    Olga

    Répondre
    • Camille Oger dit :
      04/03/2016 à 13:07

      Bonjour Olga,

      j’avoue que je suis prise au dépourvu : le chirashizushi ne s’arrose pas de bouillon, donc je ne vois pas trop de quel plat il pourrait s’agir… On fait un truc un peu comme ça avec l’anguille, ou avec l’ochazuke (mais ce n’est pas du bouillon, c’est du thé).

      L’ochazuke est très différent du chirashizushi déjà car le riz n’est pas vinaigré, et les garnitures sont plus sèches : http://www.japanesecooking101.com/wp-content/uploads/2014/01/IMG_7897-1024×682.jpg

      Est-ce ce que vous avez mangé ?

      Répondre
      • Olga dit :
        11/03/2016 à 11:31

        Merci pour votre réponse Camille,

        J’avais adoré ce plat en trois temps, mais je suis en train de me dire qu’il s’agissait peut-être d’une spécialité du chef et non pas d’un plat traditionnel… Dommage, j’aurais voulu retrouver cette recette!

        L’ochazuke c’est très bon aussi, et la photo donne bien envie!

        Merci et bonne journée!

        Répondre
  4. Jeune Lady dit :
    04/07/2016 à 22:05

    Super article ! Merci pour cette immersion !

    Répondre
    • Ducrot Françoise dit :
      22/07/2017 à 14:51

      Effectivement bel article , ça donne envie…….

      Répondre
  5. Ducrot dit :
    10/02/2020 à 19:12

    JE LIE LE TOPNATURE, L’ARTICLE SUR LE TOFU EST EXCELLENT ,J’EN CONSOMME DEPUIS QUELQUES ANNÉES, ET JE SUIS LOIN DE LEUR CULTURE.

    Répondre

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