le manger

  • RSSRSS
  • Reportages
  • Ethno
  • Recettes
  • Restaurants
  • Contact
  • Chine
  • Corée
  • France
  • Indonésie
  • Japon
  • Philippines
  • Taïwan
  • Thaïlande

Ethno · Philippines · Reportages

C’est la fête au cimetière

  • Share on Facebook.
  • Share on Twitter.

Qui a dit que Toussaint était une fête glauque ? Certainement pas les Philippins. A travers tout le pays, les cimetières sont pleins aujourd’hui. Pleins de rires, de musique, de bonnes choses à manger, de jeux, bref, pleins de gens bien vivants. Suivez-moi au cimetière de Pasig City pour Araw ng mga Patay (ou Undas, pour faire plus simple), une fête des morts super fun.

Pique-nique sur Grand-père © Quentin Gaudillière

Pique-nique sur Grand-père © Quentin Gaudillière

Du temps des Celtes, la Toussaint, c’était Samain. A cette époque, on savait encore rigoler en Gaule. On buvait, on festoyait. On ne célébrait pas exactement les morts, mais plutôt le début de la saison sombre. Et puis en 610, la fête a été récupérée par les catholiques, qui en ont fait le jour des martyrs. Du coup, c’était tout de suite moins drôle.

La foule se presse au cimetière de Pasig © Quentin Gaudillière

La foule se presse au cimetière de Pasig © Quentin Gaudillière

Aujourd’hui, Toussaint en France, ce sont les chrysanthèmes, les veufs et les orphelins, les cimetières sombres et pluvieux, bref, on a vu plus gai. On a vu les Philippines. Ici, c’est la fiesta. Tous les Philippins prennent d’assaut les cimetières dès l’aurore. Les embouteillages prennent des proportions affolantes. C’est un peu comme s’il y avait plusieurs concerts des Rolling Stones au même moment, dans plusieurs stades situés en ville.

Respecter les morts, c’est s’amuser… et manger

Des enfants qui dansent, des familles qui piquent-niquent, des vendeurs de street food, et même un stand de Pizza Hut… Oui oui, vous êtes bien dans un cimetière. Tout le monde est venu honorer les morts, mais pas de rituels sinistres ici. Le karaoké est le bienvenu. On s’installe près des tombes, ou carrément dessus, on sort les chips, les bougies, les fleurs et les nouilles, on fume, on joue aux cartes.

Pique-nique au cimetière © Quentin Gaudillière

Pique-nique au cimetière © Quentin Gaudillière

Pizza Hut dans le cimetière © Quentin Gaudillière

Pizza Hut dans le cimetière © Quentin Gaudillière

La journée sera longue. Certains resteront au cimetière jusqu’à minuit, histoire de profiter de l’intégralité de la journée. Ils ne vont pas jeûner. Les vendeurs de street food l’ont bien compris. Et pourquoi s’arrêter devant le cimetière ? Il est immense. Autant installer des stands directement dans son enceinte. Au milieu des sépultures foisonnent les cacahuètes, les oeufs de caille et autres kwek-kweks.

Les emplacements sont négociés avec la municipalité qui les loue. Des stands, et parfois même de vraies petites boutiques se montent donc pour cette journée exceptionnelle. Des vendeurs de barbe à papa aux grandes compagnies de fast food (principalement les pizzas, pour une raison obscure), tout le monde en profite.

Une pizza pour Gregorio © Quentin Gaudillière

Une pizza pour Gregorio © Quentin Gaudillière

Barbe à papa © Quentin Gaudillière

Barbe à papa © Quentin Gaudillière

Il y a ce que les vivants mangeront tout au long de la journée, car une fiesta sans festin, c’est impossible. Et puis il y a ce que l’on offre aux morts. Les Philippins d’origine chinoise pratiquent les offrandes, déposant des fruits et autres sur les tombes. Les Ilocanos, au sud du pays, ont à peu près la même tradition.

Et puis il y a des variantes philippines plus free-style. Par exemple, Mémé Maria aimait les clopes ? Alors on déposera une cigarette allumée sur un cendrier pour elle. A ta santé Mémé.

Bananes, nouilles, fruits et clopes © Quentin Gaudillière

Bananes, nouilles, fruits et clopes © Quentin Gaudillière

Un labyrinthe de sépultures

L’urbanisme à Manille laisse à désirer. Les cimetières sont un peu un modèle réduit de la ville. Avec des quartiers riches et propres, des coins où l’on s’entasse, des recoins utilisés contre toute attente, des squats… On passe des mausolées en marbre au rubix cube de caveaux, des noms gravés en lettres d’or à ceux faits à la main.

Mausolée chic © Quentin Gaudillière

Mausolée chic © Quentin Gaudillière

Etrangement, les Philippins, qui sont pourtant religieux à outrance, n’abusent pas des symboles catholiques dans l’enceinte du cimetière. Les ballons sont en forme de Batman, pas de Jésus. Quelques croix par-ci par-là, mais très peu d’icônes. En comparaison aux églises locales, c’est étonnamment dépouillé. Dépouillé, mais pas austère. Il y a de la couleur, des décorations entretenues avec soin.

Caser des tombes sous l'escalier © Quentin Gaudillière

Caser des tombes sous l’escalier © Quentin Gaudillière

Peintre à l'oeuvre © Quentin Gaudillière

Peintre à l’oeuvre © Quentin Gaudillière

Le 1er novembre c’est l’occasion de refaire une beauté aux tombes. Fleurs fraîches ou en plastique, offrandes, et puis on embauche des peintres venus pour redonner des couleurs au petit coin de béton familial. Hop, du vert pomme, du rose, et puis des lettres fraîchement redorées, jusqu’à l’année prochaine. Certains viennent donc au cimetière plusieurs jours à l’avance, de manière à ce que tout soit parfait le jour J.

La mairie joue un rôle très actif dans ces préparatifs. A l’approche de la date fatidique, elle doit en effet chasser tous les squatteurs qui vivent dans les allées ou à l’intérieur des tombes vides. Elle doit également anticiper les problèmes de circulation et contenir, autant que possible, la formation d’embouteillage monstrueux.

La Toussaint, c’est plus ce que c’était

Certains vous diront que la fête des morts a bien changé. Autrefois, on buvait de l’alcool au cimetière. C’est interdit depuis qu’un type sévèrement éméché à tué un couple pour une place de parking devant l’immense cimetière de Marikina, à Manille, il y a quelques années. Un million de personnes l’ont visité cette année, vous imaginez le trafic et la bagarre pour se garer.

Mais surtout, le 1er novembre était un rassemblement en grande partie aléatoire. A l’époque, comment se retrouver dans cette foule ? On pouvait se croiser sans se voir, partir avant que les cousins n’arrivent. Aujourd’hui, avec les téléphones portables, on sait exactement qui est où. La magie de la surprise s’est quelque peu dissipée.

Famille réunie © Quentin Gaudillière

Famille réunie © Quentin Gaudillière

La Toussaint reste toutefois un évènement social par excellence, où la famille au grand complet se réunit, ce qui est rare. Il y a les êtres chers que l’on retrouve, et puis il y a des inconnus, que l’on apprend à découvrir d’année en année : les voisins de cimetière. Qui est le type enterré à côté ? Vous ne le saurez jamais vraiment. Par contre, vous passerez, un peu malgré vous, tous vos 1ers novembre en compagnie de leur entourage. C’est une autre forme de voisinage, plus ponctuelle, mais également plus visible. Ces gens-là, vous ne pouvez pas les éviter comme vos voisins de palier. Vous les voyez, les entendez, partagez votre espace avec eux, sans cloisons, année après année.

Enfin, il y a les débordements. Aujourd’hui, 62 personnes ont été arrêtées, dont 8 hommes qui dansaient nus sur une tombe à North Cemetery, à Manille. Sur les 62, 48 étaient sous l’emprise de l’alcool, et 6 se droguaient.

Cacahuètes et oeufs de caille © Quentin Gaudillière

Cacahuètes et oeufs de caille © Quentin Gaudillière

Si la fête des morts a changé, a été quelque peu « pervertie » ces derniers temps, je dois avouer avoir passé un très bon moment dans une ambiance chaleureuse et gaie. Je me suis régalée de cacahuètes à la vapeur et de glace au fromage en me baladant de sépulture en sépulture, sous les sourires bienveillants des familles. Avec un 1er novembre aussi chouette, j’ai hâte de voir ce que peut donner Noël…

Tags: barbecuefast foodreligionsaisonstreet food

  • Share on Facebook.
  • Share on Twitter.

    Sur le même thème

  • Tofu, l'anthologie - la bible du tofu en 170 recettes et des pages de reportage en Asie Vous saurez tout sur le tofu
  • Takenoko gohan ou riz aux pousses de bambou © Camille Oger Takenoko gohan, riz aux pousses de bambou
  • Pousse de bambou du jardin © Camille Oger Préparer les pousses de bambou
  • Olives et kimchi, pour notre livre L'art de la fermentation © Camille Oger L’art de la fermentation

2 Comments

  1. pascal ordonneau dit :
    01/11/2012 à 12:33

    Un nouveau bravo de la part de votre fan…je mettrai ceci dans ma newsletter. Vous devriez envoyer un exemplaire de votre papier à F.Hollande car il a tendance, lui sa copine et tous ses copains à porter des têtes d’enterrement.

    Répondre
  2. Cambroussienne dit :
    02/11/2013 à 13:02

    C’est également le cas, dans une moindre mesure, aux Antilles. En Guadeloupe, notamment au cimetière de Morne à l’Eau, on prépare les tombes pour cette journee, on y festoie en famille le jour J (et toujours au rhum, aux dernieres nouvelles).

    Répondre

Laisser un commentaire

Cliquez ici pour annuler la réponse.

  • Mes livres
    • L'odeur des paniers vapeur à Langzhong, avant le coronavirus © Camille OgerCoronavirus : manger sans odorat29/03/2020
    • Tofu, l'anthologie - la bible du tofu en 170 recettes et des pages de reportage en AsieVous saurez tout sur le tofu11/12/2019
    • Tempura de fleurs de courgette © Camille OgerTempura de fleurs de courgette (vegan et pas vegan)07/09/2014
    • Petits farcis niçois © Camille OgerLes meilleurs farcis du monde29/07/2014
    • Salade niçoise contemporaine © Camille OgerLa salade niçoise, la vraie !25/05/2014
    • Racine de wasabi, utogi © Camille OgerVous saurez tout sur le wasabi08/12/2012
    • Recent
    • Popular
    • Tags
    • L'odeur des paniers vapeur à Langzhong, avant le coronavirus © Camille OgerCoronavirus : manger sans odorat29/03/2020
    • Tofu, l'anthologie - la bible du tofu en 170 recettes et des pages de reportage en AsieVous saurez tout sur le tofu11/12/2019
    • Takenoko gohan ou riz aux pousses de bambou © Camille OgerTakenoko gohan, riz aux pousses de bambou18/07/2016
    • Pousse de bambou du jardin © Camille OgerPréparer les pousses de bambou01/07/2016
    • Salade de fleurs de glycine © Camille OgerMangez votre glycine22/04/2016
    • Feuilles de cerisier et sakuramochi © Camille OgerSakuramochi de Tokyo, la recette03/04/2016
    • Le durian, fruit qui pue, fruit qui tue15/11/2011
    • Plaqueminier en automne © Camille OgerLa magie du kaki25/11/2012
    • Tourte de blettes © Camille OgerLa tourte de blettes, la vraie !28/12/2012
    • Poisson perroquet grillé au lato, Palawan © Camille OgerÇa se mange un poisson-perroquet ?12/04/2013
    • Japonais mangeant des soba accroupi, époque EdoManger accroupi, manger assis01/06/2013
    • Râmen de Hakata © Camille OgerRâmen de Hakata : la recette du tonkotsu18/04/2014
    • ail algue balut barbecue boeuf boisson champignons coquillages crevettes cuisine niçoise dessert fast food fleur fruits glace goût halo halo luxe légumes marché marketing nouilles oeuf pharmacopée piment plantes plateau-repas poisson porc poulet printemps produits japonais pêche religion restaurant japonais saison sashimi soupe street food sushi temari sushi thon viande vinaigre végétarien
  • Follow @heimsendi
  • Blogroll
    En français
    • Chez Food
    • Cuisine de la mer
    • Cuisine campagne
    • Le foodblog de Chihiro
    • Esterkitchen
    • Le gastronome parisien
    • J'veux être bonne
    • La peau d'ourse
    • Sinogastronomie
    • La table de Diogène est ronde
    • Un déjeuner de soleil

    En anglais
    • Anything also eat
    • Asian in America
    • Astig vegan
    • Burnt lumpia
    • Candy blog
    • Chubby hubby
    • Just hungry
    • Looking for great food
    • Nordljus
    • The scent of green bananas
    • Shizuoka Gourmet
    • Tangled noodle
  • Reportages
  • Ethno
  • Recettes
  • Restaurants
  • Contact
  • RSSRSS

© Camille Oger 2011-2020