L’oeuf centenaire (皮蛋 / pídàn) impressionne. Ce mets typique des cuisines chinoise et taïwanaise surprend tout de suite par sa couleur étrange, ou plutôt son panaché de couleurs qui évoquent la pourriture. On a là un oeuf de cane dont le blanc a viré au brun translucide, et dont le jaune est bleu, noir, verdâtre, orange. Forcément, dès le premier coup d’oeil, on est méfiant.
Mais de quoi a-t-on réellement peur ? Un Occidental de base va s’imaginer que les Chinois mangent vraiment n’importe quoi. Il va renifler l’oeuf, sentir une odeur d’ammoniac pas du tout engageante, et en conclure que cet oeuf, il est pourri, pourri depuis cent ans, d’où son nom, qu’il va avoir des arômes forts et désagréables, bref, merci la Chine, mais les trucs pourris, on n’en veut pas. Bon, en France on mange du fromage qui pue mais c’est pas pareil.
Ce qui est intéressant, c’est que cette peur ne nous est pas réservée. Ma colocataire Joanna, qui est taïwanaise (ses grands-parents sont venus de Chine continentale), était terrifiée par les oeufs centenaires lorsqu’elle était enfant. Quand sa mère en servait, elle éclatait en sanglots. Elle regardait les couleurs sombres avec le même dégoût que nous, elle sentait l’ammoniac avec la même répulsion. Et puis elle, elle savait que les Chinois mangent vraiment n’importe quoi, on lui racontait qu’on utilise de l’urine de cheval pour faire ces oeufs, elle voyait tout le monde en manger, elle était horrifiée.
Un oeuf de cane au carré
Un jour, Joanna a goûté. Elle s’est rendu compte que cet oeuf n’était pas si terrible, même pas terrible du tout. En fait, c’était même assez bon. J’ai fait de même. Et j’ai eu la même réaction. Certes, les textures sont un peu déroutantes au début. Le blanc qui a viré au brun foncé est devenu totalement gélatineux et a perdu ses arômes. C’est un peu comme manger de la couenne de porc insipide.
En revanche, le jaune, qui n’est plus jaune mais orangé, noir, vert et bleu, est intéressant du point de vue gustatif. Les arômes sont concentrés, comme un jaune d’oeuf de cane au carré. Il est très fondant, un peu liquide par endroits, mais jamais le piquant ou le très fort en bouche que l’on redoutait ne se font sentir. Bref, c’est plutôt chouette, on découvre une nouvelle facette de l’oeuf que l’on connaît trop bien sous sa forme originelle.
En fait l’a priori visuel et olfactif est si violent qu’on ne peut qu’être agréablement surpris. On associe la couleur bleutée et verdâtre du jaune à de la moisissure, imaginant les arômes puissants d’un roquefort putride, oublié dans un placard, et puis non, pas de bombe gustative, juste un goût familier, celui de l’oeuf, avec un peu plus de relief, un peu plus de complexité, et un jeu de textures et de couleurs finalement aussi amusant que fascinant.
Le secret de l’oeuf centenaire : un pH basique
Lorsque l’on sait comment sont obtenus ces oeufs de cent ans, on comprend mieux la méprise. Contrairement au fromage, qui est issu d’une fermentation organique, les oeufs centenaires sont le fruit d’une fermentation inorganique. Concrètement, on a placé des oeufs de cane frais dans un mélange d’argile, de chaux, de cendre, de sel et de glume de riz (l’enveloppe des grains) séchée.
On les a laissés là plusieurs semaines, voire plusieurs mois, durant lesquels une réaction chimique a eu lieu : les éléments basiques de l’oeuf sont boostés et son potentiel hydrogène (pH si vous préférez) va graduellement être modifié, atteignant des valeurs élevées, entre 9 et 12 généralement, parfois plus.
L’oeuf obtenu a donc un pH basique, équivalent à celui du savon ou de la chaux. Cette transformation va agir sur les protéines de gras sans saveur de l’oeuf qui vont devenir des éléments plus simples, mais aux arômes plus forts. Le blanc, qui n’est pas gras, va perdre sa sapidité, tandis que le jaune va concentrer la puissance gustative du produit fini.
Bref, rien de bien crado là-dedans. Contrairement au balut, pas d’embryon dans cet oeuf, pas non plus de pourriture, simplement une étrange réaction chimique. Savoir cela aide grandement à apprécier ce mets finalement très délicat.
Oeufs centenaires à la Taïwanaise, la recette
Une question subsiste : comment mange-t-on l’oeuf centenaire ? Selon les régions de Chine, la préparation n’est pas tout à fait la même. En règle générale, on dit que cet oeuf est de nature froide, il faut donc y associer du vinaigre ou du gingembre qui vont le réchauffer. Ca, c’est la base. Mais il existe de nombreuses variantes.
Tout d’abord, il faut l’acheter. Ca ne coûte pas cher du tout, 25 à 50 centimes pièce. Ils sont parfois vendus par 6 dans des boîtes à oeufs classiques, parfois emballés individuellement comme de gros bonbons dans des papiers aux couleurs chatoyantes, souvent dorés ou rouges.
Lorsque l’on découvre la coquille de l’oeuf, on voit qu’il s’est passé quelque chose. Elle est grise et constellée de tâches noires, on dirait de la roche, c’est très joli. Ensuite, pas évident de les décortiquer. Cela prend un temps infini car la coquille se brise en centaines de petits morceaux, sa membrane ayant perdu son élasticité.
Quand enfin on y est parvenu, ooooh, c’est fou, c’est beau, il y a des reflets, des jeux de transparence, la couleur est incroyablement dense. Parfois, à la surface de l’oeuf se forment des motifs qui évoquent des branches d’arbre. C’est pourquoi l’un de ses noms chinois est littéralement « oeuf aux motifs de pin ». Bon, nous avons assez admiré le produit, il va falloir passer à la préparation et à la dégustation.
Joanna nous a servi la version taïwanaise de l’oeuf centenaire. C’est un synchrétisme intéressant des cultures culinaires chinoise et japonaise. Elle a utilisé le nouveau truc à la mode, des oeufs centenaires de poule, légèrement différents de ceux de cane : le blanc est nettement plus translucide et ambré, les arômes moins forts car le jaune est moins gras.
L’oeuf est d’abord coupé en quartiers, et disposé dans une assiette. On y ajoute un bloc de tofu soyeux coupé en cubes, un ingrédient très japonais. Par-dessus, on jette en pluie des copeaux de bonite séchée, hérités des Japonais, ce qu’ils appellent katsuobushi. La touche finale, c’est un peu de sauce soja et de la ciboule, dont les Taïwanais sont fous.
Le résultat final rappelle un plat 100% nippon, le hiyayakko, composé de tofu soyeux froid couvert de katsuobushi, de gingembre, de daikon et d’autres choses, selon la région. Mais là, il et servi avec un ingrédient central tout ce qu’il y a de plus chinois, notre fameux oeuf de cent ans.
J’ai donc goûté et aimé cet oeuf bizarre qui m’avait jusque là rebutée par simple peur, dégoût imaginaire, a priori puéril. Il est bon, il est intéressant, il est beau. Cela se trouve facilement en France, la communauté chinoise est très attachée à son oeuf noir que vous pourrez, si vous l’osez, acheter dans n’importe quelle épicerie asiatique. Allez, soyez fous, tentez l’expérience, vous ne le regretterez pas.
Bonjour Camille,
Donc maintenant à Taiwan? Je suis vos pérégrinations avec beaucoup d’enthousiasme. Perso, j’aime bien accompagner mon oeuf centenaire avec de la sauce de piment..
Toujours un régal de lire vos posts!!
au Vietnam on mange surtout celui de poule.
dans une soupe de riz cest pas mal.
sinon il y a aussi les oeufs de canard sales qui sont bon et quon trouve dans toutes les epiceries Asiatiques en France
Merci, je suis touchée par le compliment ! La sauce de piment, c’est l’influence coréenne ? (j’ai joué les détectives et vous avez la même adresse mail qu’un restau coréen-japonais à Paris…)
Pour les oeufs salés, j’ai écrit un article sur le sujet il y a un moment, j’ai visité une fabrique artisanale aux Philippines http://www.lemanger.fr/index.php/loeuf-sale-tout-beau-tout-rose/
Question : sont-ils roses aussi au Vietnam ?
Non au Vietnam ils sont de la meme couleur qu’un oeuf de poule a la coque. Mais le jaune est legerement plus fonce. Le blanc est moins gelatineu, plus sec. En general on le coupe en deux sur la longueur avec un couteau. Ensuite soit on enleve la coquille soit on le mange a la petite cuillere avec un autre plat.
Il va bien avec la soupe de riz Vietnamienne car celle ci est tres peu sale et chaude alors que l’oeuf est tres sale et froid.
PS desole pour les accents je suis sur le PC de mon office au Japon 🙂
Merci pour l’info, je pensais que la coquille teinte en rose se faisait partout, comme j’ai pu la voir aussi bien en Indonésie qu’aux Philippines… Bon, j’espère que vous n’êtes pas trop au sud du Japon, le typhon Guchol arrive bientôt, mais avant il passera par Taïwan me faire coucou 🙂
Merci pour l’info, je pensais que la coquille teinte en rose se faisait partout, comme j’ai pu la voir aussi bien en Indonésie qu’aux Philippines… Par contre le goût et la texture ont l’air d’être identiques, à en juger par votre description.
Bon, j’espère que vous n’êtes pas trop au sud du Japon, le typhon Guchol arrive bientôt, mais avant il passera par Taïwan me faire coucou 🙂
j’espere qu’il ne se pointera pas en fin de journee sinon je serais condamner a faire des heures sup ^^
take care 🙂
Idem, bon courage 🙂
Je crois que j’aurais quand même du mal à goûter. C’est culturel 😉
Je comprends, j’ai mis 10 ans avant d’oser… D’où presque une certaine déception quand j’y ai enfin goûté, une sorte de ‘Quoi, tout ça pour ça ???’
J’avais moi aussi, vous n’en doutez pas, une très forte appréhension quand ma copine a commandé pour la première fois une « salade d’oeufs à la pisse de cheval » (yom khai ma yaow) dans un restaurant issan… mais finalement ça a principalement le goût de l’oeuf qu’on connait bien et c’est très fondant… Depuis je salive chaque fois que j’y repense 🙂
J’en mange chaque fois que je vais en Thaïlande (le pays des délires culinaires)… et je ramène de quoi faire quelques salades chez moi… (ils sont teints en roses au (super)marché pour qu’on puisse les reconnaitre)
La recette est trop simple et elle déchire:
– 1 ou 2 oeufs par personne coupés en 4 dans l’assiette
– recouverts avec une bonne dose d’oignons ou échalotes en fines tranches
– des tranches de gingembre mariné (rose), comme pour les sushis (une par quartier d’oeuf)
– plus quelque tomates olive coupées en quartiers
– en option: une noix de cajou avec chaque quartier d’oeuf
– indispensable: du piment vert coupé en morceaux (à volonté..) pour marier au gingembre et réchauffer tout ça
Pour la sauce:
– un peu d’eau
– du sucre (pas trop)
– de la sauce poisson (pour saler)
– du jus de citron vert
Je passe un peu au mortier l’oignon, le piment et le gingembre avec la sauce pour bien mélanger les goûts..
Bon appétit !
(goûtez pour ajuster les proportions)
Ca alors, en Thaïlande les roses ce sont les centenaires ? Parce qu’aux Philippines et en Indonésie, les roses, ce sont les salés http://www.lemanger.fr/index.php/loeuf-sale-tout-beau-tout-rose/ les centenaires quant à eux sont gris… Et merci pour la recette !
J’en veux! C’est trop joli et tellement original! es ce que quelqun sait ou je peux en trouver a Paris, notamment dans les 3e arrondissement?
Dans le 3eme, il suffit d’aller rue au maire, dans n’importe laquelle des épiceries chinoises du quartier. Sinon à Belleville, à Strasbourg st Denis, évidemment dans le 13eme…
Bonjour Camille !
Votre blog est génial ! J’était à la recherche d’infos sur l’oeuf de cent ans pour alimenter moi-même mes petites enquêtes gustatives que je viens de commencer, et je suis tombée sur votre article ! C’est tout simplement un trésors de connaissances !
Je rêverais de voyager comme vous le faites, merci beaucoup pour ce partage de savoir et d’expériences ! Bonne continuation !
Fabienne.
http://www.akogareru.fr/alarecherchedupainperdu/
Merci beaucoup Fabienne ! On n’a pas forcément besoin de chercher bien loin pour trouver des traditions et usages culinaires intéressants, tellement typiques qu’on ne les voit même plus – ce que vous avez commencé à faire avec vos histoires très chouettes de fourchette, de Français qui parlent en mangeant etc – je me surprends en ce moment à redécouvrir ma région natale en faisant des recherches sur les produits locaux et les recettes familiales… Il y avait sous mon nez des trésors insoupçonnés. Bref, je fais avec ce que je trouve sur mon chemin, on ne le dira jamais assez : vive le local, vive l’expérience, il n’y a que ça de vrai !
Camille! J’ai goûté l’œuf de cent ans!
On est allé dans une cantine chinoise à Paris (Au Ciel, rue de Charonne). Et quand j’ai vu qu’ils proposaient une salade d’œufs 100 ans avec du tofu, j’ai pensé à toi et j’ai sauté de dessus.
C’est VRAIMENT étrange. Au début, tu vois un truc blanc (le tofu), et tu te dis que l’oeuf est un peu bizarre. tu comprends dans la seconde que c’est le tofu, pour ensuite te demander où est l’oeuf.
Et c’est après une observation plus poussée que tu comprends. Le truc vert. Là. Sur le tofu. Ça c’est l’œuf. Berk.
Je revois le regard méfiant de Sophie, ma copine de dégustation, (Qu’est-ce que tu me fais manger!?)
Je repense rapidement à fermentation, pisse de cheval, je vois la gelée (je hais les gelées), je choppe les baguettes.
Et c’est bon. C’est doux, même moins écœurant qu’un œuf normal! On avait un assaisonnement qui allait très bien avec, et on a tout mangé.
J’ai un peu eu la même réaction que toi « tout ça pour ça? ». Le goût est très facile, par rapport à son aspect vraiment rebutant!
J’en reprendrai volontiers!
Ça me fait hyper plaisir de lire ça, je suis très contente que ça t’ait plu ! Si tu veux vraiment pousser l’expérience, tu devrais en rapporter à Angoulême et faire goûter à tes parents… Il faudrait que j’en rapporte aux miens, tiens.
On m’avait tellement vanté les délices de cet œuf étrange que j’avais vraiment envie d’y goûter. Et présenté, préparé par des amis, dans une ambiance conviviale, cet œuf a été … un grand moment !
(j’arrive, comme l’œuf, avec 100 ans de retard, mais c’est pas graaaave..)
Bonjour,
une jeune femme vietnamienne m’a offert des oeufs, dans leur coquille, ouverts d’un seul côté, dont le blanc était un peu dur ainsi que le jaune. C’est un dessert : le jaune est sucré, mélangé semble-t-il à du soja, comme les gâteaux chinois. Cela se mange après avoir ôté l’écaille, et a toutes les apparences d’un oeuf dur. Pouvez-vous me dire comment s’appelle ce dessert et surtout, comment c’est préparé : à la vapeur ? comment la cuisinière fait-elle pour sucrer, pour remplacer le jaune par ce mélange ? Merci
Bonjour Martine,
je ne suis pas une grande spécialiste du Vietnam, loin de là, et je dois avouer que je ne sais pas du tout de quoi il s’agit… J’en appelle aux lecteurs qui sauront peut-être : est-ce que quelqu’un a une idée ?
Bonjour Martine,
Ce que vous avez mangé est un dessert déguisé en oeuf. En fait, le blanc est fait de agar agar , le jaune c’est une pâte sucrée d’ haricot mungo. Il faut préparer la gelée agar agar selon les indications sur le paquet de poudre agar agar, la sucrer, l’arômatiser comme on aime. Ensuite, il faut cuire les graines d’haricot mungo décortiquées à la vapeur ou à l’eau; la sucrer; la parfumer puis faire des boules à la grosseur d’un jaune d’oeuf. Pour le montage il faut que la préparation à l’agar agar soit encore liquide; en remplir une coquille d’oeuf à moitié; la mettre au frigo 30′ pour durcir l’agar agar. Puis poser le « jaune d’oeuf » sur « le blanc » et remplir avec l’agar agar liquide et remettre au frigo jusqu’au moment de dégustation. Voili voilà.
Merci Trang,
C’est passionnant !
A la recherche d’articles concernant les gâteaux de lune, j’ai découvert votre blog et je l’aime beaucoup!
J’adore les oeufs de cent ans que je déguste coupés en 2, bien poivrés, arrosés d’un filet d’huile parfumé à échalote frite et d’une bonne sauce de soja avec un bol de riz thaï. Miiaamm! C’est divin!!!
J’habite à Nouméa et on a une population Viet et Indonésienne ici. Je connais ce truc, c’est un effet un dessert. Les recettes sont différentes mais le goût au final assez similaire. Une des recettes veut qu’on mette des graines de sésame tout autour …………………….. à mourir !!!!!!!!!!
Et ce n’est pas très sucré ! Ce qui est bien car je n’aime pas du tout le sucre en excès.
Moi ça commence à me tenter ça a l’air bon
Ressentir du dégoût au vu de ces couleurs et de cette odeur n’a rien de puéril, c’est simplement… humain ! C’est la réaction que n’importe qui aurait face à un tel aspect rappelant des choses peu ragoutantes de son vécu. Sauf peut-être les petits enfants qui n’ont jamais vu de moisissure de leur vie. Donc ce qui serait puéril, ce serait au contraire de se lancer tête bêche sans se poser de question ! Tes a priori du début étaient donc tout à fait normaux. Ce qui est bien c’est que tu les a dépassés.
Et pour la toxicité ? C’Est poison ou pas?.. »Glooup.. »
Non, pas poison du tout, et même très bon !
D’après ce que j’ai pu voir, les œufs de cent ans sont très appréciés et régulièrement consommés dans le sud de la Chine. Je n’ai pas eu l’occasion de découvrir la couleur de leur coquille car ils m’étaient toujours servis au restaurant.
Par ailleurs, j’ai également pu goûter aux œufs de cane salés, qui sont décrits dans un autre article comme étant rose fuschia aux Philippines …. et bien ici, ils ne sont pas colorés et oscillent donc entre le vert très clair, presque turquoise et le kaki, tout en étant mouchetés de points noirs. Difficile dégustation en effet, puisqu’on ne sent presque que le sel !
Turquoise ! Ça doit être très joli sur les étals ! Vous êtes dans quel coin du Sud de la Chine au fait ?
Je suis dans le Guangdong, je passe mon temps entre Shenzhen, Canton et Hong Kong.
À vrai dire, on ne les voit pas nécessairement sur les étals, ils sont plutôt conservés dans des seaux de saumure (comme s’ils n’étaient pas déjà assez salés !). D’après ce que m’a dit un collègue, ici, pas d’argile lors de la préparation, juste une « cuisson » de 15 jours dans de l’eau salée et vinaigrée.
Quoi qu’il en soit, la dégustation est un grand moment, entre la couleur inhabituelle, la coquille qui se détache en une multitude de petits morceaux et qui prend un temps fou à décortiquer et le goût de sel qui prend à la gorge … Les Chinois locaux le consomment en quelque sorte à la coque, en ôtant simplement la partie supérieure de la coquille, puis en venant détacher puis gober le jaune petit à petit avec leurs baguettes.
D’après ce que j’ai pu voir, ces oeufs sont le plus souvent servis à part en acompagnement d’une soupe. Et, fait étonnant, je n’en ai pas trouvé dans ces échoppes dont vous parlez dans un autre article et qui presentent pourtant à la vente des canards dans leur quasi intégralité !
Aaaaah, mais s’agirait-il d’oeufs salés crus ? C’est une pratique courante en Chine, le jaune change complètement de consistance et devient translucide. Mais comme c’est cru, il faut effectivement saler énormément !
Oui, ils sont bien crus, c’est l’eau salée aditionnée de vinaigre qui vient cuire l’oeuf.
Mais cela donne un résultat surprenant proche de l’oeuf dur. Dans ceux que j’ai goûtés, le jaune n’était pas translucide, plutôt très très jaune au contraire. Et la consistance était celle d’un oeuf dur qui aurait cuit trop longtemps, le jaune est très solide et on vient l’émietter avec ses baguettes.
J’essaierai de penser à prendre une photo la prochaine fois que j’en prendrai. Mais ce ne sera peut-être pas demain la veille, je suis loin d’en raffoler !
C’est un délice de lire cet article.
J’ai grandi à côté de Villeneuve sur Lot et à côté de cette ville il y avait ( et il y a toujours ) un camp de vietnamiens, réfugiés de la guerre. C’était un campement « temporaire », 2017 et « temporaire » est toujours là.
Les jeunes sont partis ( et ont réussi pour la plupart ( comme c’est curieux )) mais les vieux sont resté par habitude.
Pour se faire quelque argent ils avaient organisé un petit restaurant avec pas trop de licence, avec de vieilles tables et des toiles cirées.
Et j’ai eu la chance extraordinaire que mes parents ( enfants d’anciens d’Indochine … et oui … ) m’y emmènent assez souvent.
Ce lieu était magique ! Fait de bric et de broc avec des odeurs … des odeurs … Un viet qui se met au fourneaux c’est déjà bien, mais quand il s’agit de deux générations en arrière, qui ont gardé la nostalgie et toutes les traditions, c’est quelque chose. Vraiment.
Bref, à 5 ans je savais déjà me servir de baguettes, je connaissais quelques mots de Viet, je connaissais presque tout le menu.
Jusqu’au jour où … des œufs de 100 ans !
C’est un plat Chinois, pas Viet, mais à force d’invasions …
Bref, comme j’avais déjà une certaine habitude de l’exotisme culinaire ( 6 ans dans le Lot et Garonne dans les années 70, carrément l’exploit ) je n’ai pas eu la moindre appréhension. J’en ai mangé une tranche et là … la révélation. Ces goûts, cette saveur ! Il y avais du gingembre ( si je me souviens bien ) et une soupe qui allait avec.
J’ai fini le plat, et un deuxième, c’était si bon !
A chaque passage j’en demandais mais ils n’en faisait pas toujours. Mais quand ils savaient que je venais ils se débrouillaient pour en avoir.
J’étais grassouillet et je mangeais d’un bon appétit, pour des vieux Viets, un gros garçon qui fait bonne chair c’est un signe de bonne santé. De plus un petit blanc qui mangent ce que les autres blancs ne veulent même pas entendre parler, et avec plaisir surtout … imaginez !
Bref, à 51 ans maintenant, dés que je peux en trouver quelque part je saute dessus.
Mon endroit préféré pour dévorer cette passion se trouve au marche de Jordan à Hong Kong.
Comme à une époque j’y allais tous les ans, les vendeurs ont commencé à me reconnaitre d’un voyage à l’autre car très souvent ( à chaque fois en fait ) j’en prenais deux douzaines et je rentrais à l’hôtel ( sur Nathan Rd ). Donc ils m’en mettaient 13 à la douzaine …
Il y a 100 façon de le manger mais ma préférée reste la plus simple :
Un œuf juste épluché avec une bouteille de Tsingtao glacée.
Recommencer jusqu’à épuisement du stock …
En étant un peu plus raffiné et autour d’une table il peut se servir chaud, froid, souvent avec une soupe ou une boisson chaude.
Il y a un plat que j’adore aussi avec PiDan, c’est du canard laqué en cheveux ! Je ne sais pas comment ils font mais ce ne sont pas des morceaux de chair de canard, c’est comme de la barde à papa mais c’est du canard laqué. On en trouve pas souvent parce que j’ai cru comprendre que c’était pas facile à faire et que ça coute bonbon. Mais quand on aime …
Bref, la raison pourquoi je rajoute de la Tsingtao n’est pas que je suis un poivreau ( j’aime pas trop la bière ) mais le goût de cet œuf et son goût ammoniaqué de PiDan avec de la bière locale et son houblon, c’est tout simplement magique ! C’est Ratatouille, version chinoise, ne manque que le feu d’artifice.
Bref, que les français de base continuent à avoir peur du truc et fassent leurs simagrées c’est TRES bien, ça en laisse plus pour les autres !
Quand on part dans un pays étranger c’est pour découvrir, pas pour commander des steaks-frites ou bouffer du MacDo.
En tous cas, c’est mon avis.
Qu’il est chouette votre commentaire! on s’y croirait !
Mon compagnon et moi, on les adore aussi. C’est en dînant dans un restaurant asiatique qu’on a vu un jeune garçon d’une dizaine d’année (qui correspond parfaitement à la description que vous faites de vous au même âge, mélange de curiosité et de bonne chère) se commander cet oeuf centenaire à la table à côté de nous. Il en faisait une telle description, comparé à la tête que ça avait, qu’on a absolument voulu goûter et.. on a adoré.
Aujourd’hui, nous sommes au Congo et avons trouvé un restaurant chinois excellent face au mythique fleuve éponyme, dans lequel ils servent ce met délicat que nous nous sommes empressés de faire goûter à nos collègues qui adorent également.
Vive le Pidan!
Complètement d’accord avec Anaïs, c’est un très joli récit ! Je l’ai adoré à la première lecture, et j’étais sûre de vous avoir répondu Richard, désolée d’avoir tant tardé…
Salut à tous de Tunja, en Colombie !
Bonjour Camille
Pour info, au Cambodge on les mange aussi avec du sucre ,citron ou encore des petits oignons marinés que l’on trouve en boîte de conserve dans les épiceries asiatiques(aigre douce)
Hmmm, en sucré-salé ça doit être super !
Apres lecture de cet article j’ai trouvé des œufs centenaire à côté de chez moi. Et enthousiaste j’ai voulu en déguster un, comment dire… c est horrible! Lol non franchement c’est très mauvais, mon oeuf de canne avait son jaune devenu vert. Le goût de l’ammoniac est très fort et écrase complément le goût plus doux du jaune ( qui reste un simple goût d’œuf). On a tenté à plusieurs impossible d’en avaler une bouchée. Apres je sais que ce goût d’amoniac ( qui rappel quand même l’urine) ne déplaît pas à tout le monde notamment au Nord de l’Europe ou ils utilise des sel d’amoniac dans le réglisse: pour les amateurs un tout à hema la chaîne de magasin où ils vendent des bonbons au réglisse et au sel d’amoniac. Apres pour cet oeuf je l’ai mange nature peut être faut il l’assaisonner ou alors je suis tombé sur un mauvais œuf. Les 5 autres sont dans la boite j’ai des regrets à les jeter.
Argh, désolée Celia que ça ne vous ait pas plu… Y a-t-il des amateurs dans la salle ? On ne va pas jeter 5 oeufs centenaires, ce serait dommage…
Hello !
ce ne sont pas les oeufs qui sont centenaires :).
Oeufs de cent ans=si tu en mange, tu vivras jusqu’à cent ans.