Dans l’art culinaire japonais, soigner la présentation est essentiel. La découpe des aliments est la base. C’est en effet cette opération qui va déterminer les formes de la composition finale que sera le plat. C’est également une étape incontournable car les aliments doivent pouvoir être saisis avec des baguettes. Ils sont donc coupés de manière plus ou moins décorative. Et au Japon, le décoratif en cuisine tombe très vite dans le figuratif.
Si on regarde les bento ou même les plats de grands chefs les plus élaborés, des formes familières aux Japonais sont généralement utilisées. Ce sont souvent des formes symboliques telles que des fleurs, des pétales de fleurs de cerisier ou des feuilles de ginko stylisés. Mais ce travail figuratif peut aller encore plus loin. Au-delà de la découpe, il y a le produit fini.
Du jouet à l’objet décoratif
Le temari sushi est un excellent exemple de figuratif culinaire. Un temari, à la base, c’est une balle. 手まり, en japonais, c’est littéralement « boule à main ». La tradition du temari vient de Chine. On a commencé à en faire au Japon entre 1400 et 1500, à partir de chutes de soie ou de restes de vieux kimonos.
Au fil du temps, les coutures ont été remplacées par des broderies de plus en plus élaborées. Le jouet, offert au Nouvel An pour porter bonheur, est ainsi devenu presque trop chic pour des enfants. Avec l’arrivée du caoutchouc, plus personne n’a joué avec un temari. La balle est devenue un objet décoratif, une pièce de collection.
De l’objet décoratif au manger… décoratif
Le temari sushi, c’est un peu la même histoire. Boule à main certes, mais boule de riz cette fois, recouverte de morceau de poisson ou autre, le temari sushi existe depuis longtemps, très longtemps, mais personne ne saurait dire quand exactement. Le fait est que c’est une tradition culinaire familiale. Profondément ancré dans la culture populaire, mais n’ayant rien de noble, le temari sushi n’a pas vraiment été documenté. Il a été transmis oralement de génération en génération, sans que l’on ait de trace écrite.
De simple sushi hyper facile à réaliser, mangé en famille sans cérémonial, il est de plus en plus pris au sérieux par les chefs japonais qui en font un ravissant petit objet de luxe, mais aussi par la jeunesse nipponne, complètement handicapée de la cuisine, qui les achète tout faits en s’émerveillant de leur allure kawaii.
Dans la région de Kyoto, on l’a bien compris : au milieu de l’artisanat japonais le plus fin, on vend à prix d’or des coffrets souvenirs de temari sushi présentés comme des… temari, avec soin, soignés dans les moindre détails. Ainsi le temari sushi, qui ne portait ce nom qu’en raison de sa forme ronde, devient la version comestible du jouet de tissu. La ressemblance est donc forcée, la sophistication est poussée à l’extrême.
La sophistication facile
Si le temari sushi a gagné en considération, il n’en reste pas moins extrêmement facile à réaliser. Voir la recette ici. Et il est déclinable à l’infini. La première photo de ce billet est par exemple une version radis mariné, carotte et ciboulette.
c’est si mignon et kawaiiii, je me demande si je me demande si je pourrai en faire autant plus tard !
Merci, mais ne t’inquiète pas, c’est facile, tu as la méthode ici : http://www.lemanger.fr/index.php/le-temari-sushi-trop-facile/
Et j’aime beaucoup tes bols, surtout le Mishima !
merci beaucoup pour cette aide !
Bonjour,
Votre blog est absolument captivant (sans parler de vos photos vraiment très belles)… Voilà de l’ethno vivante et originale! Je suis actuellement en train de me documenter pour un projet d’expo sur l’alimentation et ces articles sur le temari sushi ou le bento m’interpellent particulièrement… Auriez-vous par hasard, au cours de vos voyages, rencontré d’autres mets auxquels on apporte autant de soin dans l’esthétique de présentation? Merci infiniment!